En écoutant les premières notes de Kevin Saura, je pense aussitôt à un grand maître, John Scofield et un esprit groove proche du sien. Les premiers instants du morceau “Eclipse”,me rappellent l’album “A Go Go” du guitariste Américain.
Les phrases sont ciselées, bien articulées et aux nombreux accents Rock et Blues.
Le tempo est cool, le thème et l’improvisation diffusent de bonnes vibrations.
“Wild Serenade” est une composition qui mêle le groove de la Soul et la Fusion Davisienne. La percussion haletante est intense, le solo de guitare au son légèrement overdrive, mais brûlant. Les phrases et les motifs emmènent la basse et la batterie vers la tornade sonore et illustrent la grande technique du guitariste Français.
“One For Peace” est une ballade légère, planante par la guitare apaisante et une sonorité proche de Bill Frisell . Les motifs harmonisés sèment le mystère et le trouble.
Le guitariste se lance tout seul dans une reprise de “Blue Monk”, sur laquelle il a enregistré une ligne de basse à la guitare.
Les nappes d’accords égrène rappellent le style Scofield par les directions, les mises en place. Plus fusion est le titre suivant qui est un thème construit sur une harmonie Blues sur une métrique en cinq temps. À la basse électrique, le son est original et novateur. Le guitariste impressionne de technique et de mise en place.
Les phrases précises, le son aigu et sec sont les traits du jeu de ce jeune musicien.
“Snake Banquet” s’articule sur une cellule rythmique très syncopée à la batterie. La basse s’exprime par un solo limpide au cours duquel le guitariste imprégné d’élans Blues, nous étonne par son groove.
Kevin Saura rend hommage à Kenny Burrell en interprétant une ballade aux notes fines et aux nombreux accents du Blues. Il garde sa sonorité mais il parvient à se rapprocher du style du guitariste Américain. Les notes sont fines, la contrebasse est bien ronde. J’aime la succession des tirés de cordes et des mises en place délicates de la rythmique.
Le guitariste enchaîne par “Duck Walk” dont le riff est Rock Blues. Sur la basse électrique, la guitare joue un motif âpre au son sauvage. L’improvisation envoie des déflagrations.
L’ambiance que le guitariste installe revêt une nouvelle fois des sonorités plus proches de Bill Frisell sur “Quiet Storm”. La reverb accentue la sensation d’espace. Le climat est énigmatique et le son effervescent.
En conclusion du disque, “Captain” est imbibé de groove atomique, de la basse et une cocotte qui funk de la folie. La basse électrique atomise tout, les riffs de guitare sont juste là en ornementation. Le solo est renversant.
Étonnant guitariste au groove terrible, Kevin Saura réalise un disque qui mérite l’attention, pour ceux qui aiment la guitare Jazz moderne aux portes du Jazz Funk.
Ses compositions, ses phrases magnifiquement articulées et les mises en place sont dignes des grands.