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ACTU CONCERT /JAZZ AUX QUATRE COINS

A Carcassonne au Croco Bleu, le Okidoki quartet sera sur la scène le 23 septembre. Le groupe se compose de la chanteuse Anja Kowalski, du batteur Jeran Denis Rivaleau, de Laurent Rochelle à la clarinette

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NOUVEAUTE ALBUM/ JONATHAN BLAKE/PASSAGE

Le batteur Jonathan Blake entouré d’un quintet étincelant, nous propose un Jazz Hard Bop où le swing est au service de la mélodie. Dès le premier titre, on est saisi par la frappe sèche et subtile, qui soutient les phrases de l’alto saxophone joué par Immanuel Wilkins. Le drive de batterie rappelle un peu la frappe de Jeff « Tain » Watts, qu’on entend lors du premier morceau intitulé « Passage ». Le rythme binaire alterne avec un rythme ternaire au cours de quelques séquences.

Le batteur écrit aussi des thèmes lumineux comme « Muna’s And John’s Playtime ».

Sur fond d’arpèges au piano acoustique, on entend un motif de basse en boucle. Le saxophone et le vibraphone jouent une ligne mélodique poétique sur un tempo binaire punchy. L’alto donne la sensation de lévitation tant la sonorité est d’une grande finesse.

Le clavier électrique déroule un moog exprimant la profondeur dans laquelle s’installe un dialogue entre le clavier et l’alto.

Ces improvisations croisées restent harmonieuses. Le vibraphone monte en intensité tout au long de l’improvisation. Calme au départ, vous serez emporté par sa fougue qui emmène avec lui le batteur.

Ce dernier aime les différents climats rythmiques. « Tiempos » est un morceau sur un rythme latin de style mambo. Le piano de David Virelles reste cool tout au long de cette séquence. Le groove de « Groundhog Day » inspire les solistes qui combinent les phrases bluesy et chromatiques. La ligne mélodique dégage une belle énergie.

Sur « Tears I Cannot Hide », on entend le saxophone et sa sonorité à la Kenny Garrett qui expose ce thème apaisant, évoquant le romantisme et l’élégance.

Le contrebassiste Dezron Douglas prend un joli solo tout en discrétion. C’est lui qui introduit le titre suivant intitulé « A Slight Taste », un thème sur lequel vous bougerez sans aucun doute. Le clavier électrique envoie de belles nappes, la contrebasse tapisse avec discrétion, pendant que l’alto cherche des directions intéressantes. Les ponctuations du batteur sur ce rythme binaire ternaire montrent la variation dont il fait preuve.

Le vibraphone de Joel Ross envoie des phrases bien construites et pertinentes, du point de vue de la trajectoire mélodique. Le clavier électrique et ce son si particulier donnent une ambiance aérienne.

La douceur et l’intimité se ressentent quand on écoute cette mélodie poignante intitulée « Out Slight Out Of Mind ». Les instruments déroulent des phrases qui séduisent.

Le batteur clôture son album par « West Berkeley Steet », lance un morceau dans l’esprit de « Strasbourg Saint Denis », composition de Roy Hargrove en 2007.

Jonathan Blake conserve ce groove et l’insuffle à ses sidemen. Le saxophoniste expose cette mélodie lumineuse qui rayonne.

Le pianiste glisse des phrases Jazz entre la contrebasse et la batterie. Vers la fin du morceau, le sax et le vibraphone échangent quelques motifs dans un climat très festif

Le batteur ayant accompagné plusieurs grands jazzmen comme Kenny Barron réalise un très beau disque, où les thèmes sont mélodieux, quelque soit le rythme swing ou groove funk. À l’heure où la plupart des thèmes sont plus souvent techniques que mélodiques l’album « Passage » est la preuve, que des artistes inspirés peuvent présenter des projets émouvants qui font ressentir des choses.

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ACTU JAZZ/ IMPRESSIONS DE CONCERT/ SIXUN/ 2023/09/08

Hier soir sous la Grande Halle de la Villette après Balimaya Project, s’est produite une déflagration sonore en compagnie des six acolytes de SIXUN.

Aux alentours de 21h45, les lumières s’éteignent, on entend des voix samplées pendant une minute, jusqu’à ce que les musiciens arrivent sur la scène. Vers la fin de cette séquence introductive, on entend Alain Debiossat jouer un motif hispanisant. Paco Séry fait trembler la caisse claire avant que tout le monde se rejoigne sur l’introduction de « Paesana « thème au rythme binaire en trois temps et figurant sur « Palabre ».

Le premier à ouvrir le bal des solos est Louis Winsberg, dont les phrases en overdrive laissent entendre des motifs Blues grandioses qui sortent parfois du chemin harmonique traditionnel, ce qu’on appelle le « In And Out ». Alain Debiossat prend le relais en jouant un court solo. Les notes de l’alto sont fluides et mélodieuses. Jean-Pierre COMO s’envole dans un solo qui monte en intensité.

Le groupe enchaîne avec un morceau du dernier album « Unixsity ». « Minor Steps » écrit par Louis Winsberg distille un groove de folie. Vers la fin du titre, le vocoder utilisé par le guitariste y ajoute un côté surréel.

Les six musiciens poursuivent par « Very Sixun Trip », une mélodie groove qui traduit l’optimisme au cours de laquelle, la guitare déroule des phrases ciselées. Le Fender Rhodes aérien poursuit l’improvisation, en étant boosté par une ligne de basse qui déménage. Michel Alibo prendra d’ailleurs un solo où la basse fretless crée de la profondeur.

Le groupe présente ensuite le morceau intitulé « Idole ». Ce thème traduit une espérance accentuée par les notes aiguës de la guitare. Alain Debiossat s’envole avec son soprano et le percussionniste Stéphane Edouard Stephane edouard music fait monter la température.

Sixun enchaîne en reprenant un ancien morceau « Parakali », introduit par un effet de vocoder utilisé par Louis Winsberg et des nappes de clavier de Jean Pierre Como.

Le programme se poursuit par un morceau cher au groupe « Ali Gogo » écrit par le bassiste. Michel Alibo quitte la fretless pour sa basse rose avec laquelle il envoie des slaps terribles. Le thème est construit sur une ligne faite de nombreuses notes, dans un esprit Bop Funk.

Après ce morceau qui groove de folie, Paco Sery rend hommage à deux grands musiciens qui l’ont engagé, Eddy Louis et Josef Zawinul. Sur un rythme binaire ternaire joué par la paire percussion batterie, le groupe installe un groove qui emporte tout. La basse s’installe dans les moindres recoins, les claviers de Jean Pierre Como sont brûlants et la guitare également bouillante.

Le groupe termine par le morceau « Seven Keys » signé Stéphane Edouard. Le Funk est explosif de partout aux percussions dans les cocottes de guitare et dans la partie de basse.

En rappel, il me semble que les six musiciens jouèrent « Peniscola », un thème extrait de l’album « L’Eau De Là « . Sur un rythme Calypso et sensuel, le clavier lance un solo fluide et entraînant sur ce thème très mélodieux et lyrique. Ce vendredi soir, Sixun nous a transmis de belles vibrations dont le groove est toujours la source de leurs très belles mélodies.

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L'histoire de tous les Jazz

SUR LA ROUTE DU JAZZ/ LE JAZZ ROCK/GATEWAY/ ABERCROMBIE DEJOHNETTE HOLLAND

Parlons d’un trio qui eut son importance à partir du milieu des années 70 jusqu’aux années 90.

Gateway composé de John Abercrombie Dave Holland et Jack DeJohnette propose un Jazz à mi chemin entre le Jazz électrique et le Jazz acoustique, en combinant des formules rythmiques et des formules mélodiques complexes.

L’aventure commence en 1975 lorsque sur ECM, les trois musiciens signent leur premier album.

Le morceau qui ouvre l’album est une conjonction de rythmes binaires à partir desquels le guitariste lance des motifs et phrases qui sonnent Rock et Folk.

Sa technique en legato et son attaque franche à la main droite montrent l’étendue de sa technique. La contrebasse de Dave Holland maintient une rondeur une chaleur que le batteur ponctue de sa frappe précise.

L’obscurité se ressent lorsque la contrebasse déploie ses notes lourdes comme on l’entend sur « Waiting ». La batterie scintille par ses interventions sur la cymbale.

Le trio caresse le domaine du Free sur le titre suivant « May Dance ». La contrebasse et le batteur relancent le guitariste qui s’enflamme au cours de « May Dance ». John Abercrombie cherche la dissonance cherche sans cesse des trajectoires en solo. Très fougueuse et inflammable, est la guitare sur le morceau suivant « Unshielded Désire ». Le trio apporte une intensité comparable à celle qu’atteint les groupes de Tony Williams accompagné de John McLaughlin et Larry Young.

La rythmique explose et la guitare brûle.

Sur le morceau suivant, la six cordes installe du mystère, quelque chose de trouble et de particulier à appréhender, comme si l’esthétique était constamment mouvante.

La guitare semble lançer des phrases improvisées sur lesquelles la rythmique contrebasse batterie interagit.

L’ouverture de leur second album est assez impressionnante sur le plan du climat sonore. « Gateway 2 » démarre dans l’apaisement et tout au long des seize minutes, l’intensité sonore et celle de l’interaction entre les musiciens monte en puissance. Ce trio a quelque chose de poétique. Si la qualité de chaque musicien est de haut niveau, le trio sait transcrire ce sentiment de fragilité.

« Sing Song » est interprété par la guitare électrique au toucher soyeux.

La composition suivante est pleine de folie en raison en partie de l’utilisation de la guitare synthé. Dave Holland et Jack Dejohnette stimulent cette sensation d’urgence. Magistral est le batteur lorsqu’il s’installe au piano. Jack Dejohnette accompagné sobrement par ses compagnons réussit à transmettre l’émotion suprême.

Plusieurs années plus deux magnifiques albums « In The Moment » et « Homecoming ».

Pour le premier, le trio commence entre accents Indiens et arabisants.

Cet album à la pochette rouge est plus dans l’abstrait et l’improvisation collective. Difficile d’accès, il n’en demeure pas moins intéressant. Entre sonorités indiennes et accents classiques l’album a des accents de World Music. Les lignes de guitare sont orientales sur le morceau « Cinucen ».

Au cours du morceau suivant « Shruberries », on entend ce son de guitare se mêler à la contrebasse et à la batterie qui jouent avec grande finesse.

L’album « Homecoming » est plus Jazz et comprend des thèmes plus sophistiqués sur le plan harmonique et rythmique.

L’ouverture se fait par « Homecoming », un thème à la métrique complexe écrit en mesures composées.

La reverb de la guitare la contrebasse et le jeu de cymbales étincelant sont une empreinte reconnaissable. La guitare se lance dans une improvisation où elle semble fusionner avec la batterie. Dave Holland y joue un solo plein de fougue que Dejohnette soutient avec discrétion.

Les thèmes sont assez mélodieux comme « Waltz New », un trois temps qui commence dans la noirceur et qui évolue vers un optimisme fragile. Le jeu de Jack DeJohnette en finesse accompagne la contrebasse langoureuse de Dave Holland.

Ce dernier prend le premier solo sur le titre « Modern Times ». Très énergique, la contrebasse laisse la place au solo de batterie dont les interventions sont precises et jouées en finesse.

« Calypso Falta » comme son nom l’indique est un morceau plus cool, où l’on entend John Abercrombie jouer des motifs de Blues. Dave Holland déroule des notes rondes et enrobées, alors que la sonorité du guitariste dépend de plusieurs effets comme l’overdrive la reverb.

En introduction de « Short Cut », la guitare tisse de jolis arpèges avant de démarrer ce thème dans un tempo medium cool. Les lignes de contrebasse sont limpides, la guitare elle laisse entendre de nombreuses notes en legato.

La métrique semble être du 7/4 sur le morceau « How’s Never », un thème puissant assorti d’un son saturé et de la frappe énergique du batteur.

En solo, Abercrombie dégage une terrible en tirant les cordes.

Le batteur frappe avec force pendant le solo sur cette métrique peu commune. « In Your Arms » est un morceau plus cool où l’on entend la contrebasse sonner avec grande douceur.

La composition suivante « 7th D » commence par une séquence d’impro collective. Quand on écoute le guitariste John Abercrombie on retrouve les style de John Scofield. Il n’y a là aucun hasard puisque le premier influenca le second. Ses notes rebondissent sur la contrebasse et le drive de la batterie avec grande subtilité.

Une fois de plus pour conclure, le trio interprète un bijou intitulé « Oneness », un thème aux arpèges de piano évoquant le sentiment de blessure, auquel la guitare acoustique ajoute un côté blues émouvant.

Ce trio joue une musique où la prise de risques est inhérente à cette formatiion.

Entre subtilités harmoniques et complexités de métriques et de rythmes ces trois musiciens ont contribué à présenter une nouvelle facette du Jazz électrique. La musique de Gateway est tantôt calme, souvent pleine d’énergie et de surprises. Leur conception de l’espace illustre leur volonté d’explorer de nouvelles combinaisons sonores et esthétiques.

Même lorsque le climat devient plus dynamique voir explosif on sent cette recherche du mystère et de l’onirique..

Rentrant dans la catégorie du Jazz Rock par leur fougue et le son saturé de la guitare que l’on retrouve souvent, les trois grands jazzmen ont atteint un niveau d’interaction exceptionnel.