“Aujourd’hui, j’ai opté dans mon open space pour le lâcher-prise. C’est qu’il fait déjà 42 à Brest ! D’après les sondages, les gens veulent plus de sobriété, énergétique et éthylique. Fake news ou vraie info ? J’aurais mieux fait de rester en Télé-travail, plutôt que de regarder Bertrand en face de moi qui passe son temps à faire des selfies comme un gamin de collège, alors qu’il dépasse allègrement la quarantaine, et n’a à la bouche que le mot mouvement social. Je rêve de m’enfuir au fin fond de l’univers jusqu’à la galaxie HD1…”
Ce texte comprend l’intégralité de la tracklist de l’album de Vincent Touchard. Rien que par la créativité de ses titres, le musicien suscite déjà notre intérêt.
Vincent Touchard, accompagné par Jean-Jacques Aquaviva au piano et par le multi instrumentiste Gabriel Midon à la contrebasse, semble vraiment avoir bien saisi pour nous “l’air du temps” dans ce bel album, qui fait résolument le pari de la mélodie et du classique trio jazz. Le batteur compositeur est actuellement en résidence du côté d’Elancourt, après deux années au Maroc et un projet de musique manga.
Le premier morceau de cet album,“Aujourd’hui”, avant que Lâcher-prise enchaîne dans le même esprit, évoque avec beaucoup de légèreté, l’esprit du meilleur Michel Petrucciani. Roulements de caisse claire, baguettes ultra souples et moments solo pour Vincent Touchard font monter la température dans le 3è morceau.
Petit changement de décor avec Sobriété, plus calme, et qui évolue imperceptiblement vers des sonorités classiques d’un morceau de Bach.
Puis, les sondages, et plus tard, mouvement social, font place à des rythmes plus pop, alors qu’Open space nous offre une belle mélodie au piano, un peu à la manière d’un Avishai Cohen dans Seven Seas.
Fake news nous permet d’apprécier tout particulièrement le jeu élégant de Gabriel Midon.
Télé-travail commence et se conclut par d’audacieuses arabesques à la main gauche, reliées de belles variations de la main droite.
Avec La quarantaine, on serait plutôt à la lisière d’une bande originale d’un animé du studio Ghibli.
Les balais sont de sortie dans le mélancolique Selfie, qui met en avant la contrebasse de Gabriel Midon, avant de conclure par un dernier morceau un peu plus joyeux.
De belles mélodies, sincères et accessibles, un jeu sans esbroufe mais précis et une véritable complicité font de cet album un vrai coup de cœur de ce printemps.