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NOUVEAUTE ALBUM/ LINKS TRIO/ OH MY GOD

En compagnie de trois jeunes musiciens, le guitariste Arthur Links, l’organiste Clément Simon et le batteur Clément Brajtman, vous serez plongés dans le Soul Jazz et d’autres contrées du Jazz moderne.
L’écoute du trio sur ce disque illustre que le lien entre Soul et Jazz est indéfectible.
Le leader ouvre la session par un thème bien ancré dans la tradition des maîtres de la guitare Soul Jazz, comme Grant Green et Wes Montgomery. Après huit mesures de shuffle de batterie commence le thème à la guitare dans un esprit très Bluesy. Une structure de quatorze mesures suivie d’une sorte de pont, au cours duquel le guitariste joue des phrases élégantes de Swing. En seconde plage, Arthur Links et ses compagnons proposent « Roller Disco », au rythme un peu plus exotique, comme un calypso et d’autres rythmes des Caraïbes.
Le son de guitare peut faire penser à celui de John Scofield en raison du flanger assez prononcé.
Le jeu entre le batteur, l’organiste et la guitare témoigne d’une belle interaction entre musiciens.
Le moment est apaisé et cool pour le troisième morceau dans lequel Arthur fait part d’autres influences. « Strange Meeting » seule reprise du disque est une ode au voyage et au calme. Le son de guitare et la trajectoire des phrases sont imprégnées de Pat Metheny.
Ce thème est digne des grands et se finit avec des notes tristes.
La chaleur de l’Hammond nous fait partir à nouveau vers un chemin plus Soul. « After Lunch » est construit sur une harmonie tranquille, proche de l’esprit Blues mineur. Les notes de guitare sont langoureuses et suaves.
Le swing repart de plus belle avec le titre « Street Emergency », un thème qui par ce qu’il raconte, nous place sur les traces de Wes Montgomery. Les couleurs me rappellent vraiment l’ambiance Soul et Blues de ce grand guitariste de légende. L’organiste et le batteur entretiennent un swing léger mais entraînant.
Si le second morceau m’évoquait Scofield, cette composition « Gorgon Supp » impressionne par l’imprégnation qu’Arthur a du guitariste Américain, autant sur le son que sur la trajectoire du solo.
Dans un rythme Reggae, les montées de volume d’introduction de « T-Tune » nous emmènent cette fois vers Bill Frisell, vers des sonorités où les respirations et les espaces sont bien là. Entre Reggae et Country, Arthur Links invite pour l’occasion Manu Codjia.
Le rythme binaire énergique du morceau « John-Luc » nous laisse dans cet esprit à la Martin Medeski Wood, avec qui John Scofield joua souvent. La guitare envoie des salves dynamiques servies par des flammes d’orgue Hammond et une batterie au souffle ample.
Ce très joli disque se conclut sur un thème intimiste intitulé « Webb’s Journey », où l’espace et la respiration sont rois.
La batterie arrive doucement ainsi que les premières notes de la guitare qui se posent avec une infinie douceur. Les nappes d’orgue s’enlacent avec les voicings de guitare.
Cette dernière lance avec une douceur extrême les notes fragiles évoquant blessures.
Si à première vue le guitariste peut paraître prisonnier de ses influences, il célèbre les grands maîtres à travers de belles compositions aux climats essentiellement Soul Blues, quelquefois latin et parfois même apaisants.
Le discours des solistes est guidé par le sens mélodique.
Ce « Oh My God » est une panoplie de très belles mélodies savoureuses, aux rythmes captivants servies par trois musiciens liés par une grande et belle interaction entre eux.

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