Depuis quelques années maintenant, le saxophoniste Russe publie quelques albums qui chacun, ne laisse pas insensibles les médias du Jazz.
L’ambiance feutrée intimiste du début du disque provient d’une conversation entre Dmitry Baevsky et la guitare de Peter Bernstein.
Les notes sont moelleuses, le souffle comme une caresse. Le guitariste joue tout en voicings pendant son solo, en y incorporant quelques single notes.
Une fois ce dialogue sur “Out Of The Past” signé Benny Golson, le sax et le guitariste sont rejoints par la rythmique composée du bassiste David Wong et du batteur Jason Brown. La trajectoire mélodique de “Matador” signé Grant Green est dans l’esprit du Hard Bop des années 60. Si Dimitri est altiste, j’entends par moments une sonorité proche du ténor. Le sax est soyeux et le guitariste fin dans son approche des notes.
De la chaleur respire du thème “Gloomy Sunday”, composé en 1932 par Rezso Seress. Le guitariste Peter Bernstein se situe dans le sillage des classiques comme Kenny Burell.
Sur un rythme binaire, la mélodie de Duke Ellington “Mount Harrisa”, donne lieu à des jolis solos, notamment des dédoublements de la part du saxophoniste. La rythmique joue sobrement avec justesse et douceur. Le titre éponyme est un médium swing où le drive et la walkin enveloppent les solistes, le sax dans ses phrases limpides ainsi que le guitariste, mêlant voicings et envolées en single notes.
Sur “The Sun Died”, morceau de Hubert Giraud, la guitare introduit le titre avec des enchaînements de voicings, pendant que les balais caressent la caisse claire. Le saxophone danse sur la rythmique.
Comment ne pas voir le clin d’oeil à “In A Sentimental Mood” dans le morceau “In A Sentimental Blues”, composition de Ray Charles.
La rythmique bouillonne sur le tempo up swing de “Will you be Still Mine”, standard écrit par matt Denis.
Tandis que le saxophone se lance dans des phrases intenses, Peter Bernstein ponctue par des accords. La série des 8/8 permet d’apprécier une fois de plus, le jeu délicat du batteur.
“Eclypso” composé par le pianiste Tommy Flannagan, a des couleurs à la Sonny Rollins. Le thème est entrecoupé de passages mélodiques et de solos de batterie. J’aime beaucoup les roulements sur la caisse claire de Jason Brown. Le thème enchanté est un élan d’optimisme.
L’impression que j’ai en écoutant ce passage, est d’écouter le disque “The Bridge” de Sonny Rollins avec Jim Hall à la guitare. Le morceau commence par quelques notes puis très vite, le batteur se lance dans un solo en finesse, avant d’écouter l’altiste Russe dérouler des flux de notes intenses. Le guitariste aime les couleurs, assembler les voicings. David Wong appuie bien ses notes au service d’un solo mélodieux.
En fin de disque, on trouve la seule composition originale de Dmitry Baevsky intitulée “Would You”, une séquence au swing léger, une ligne mélodique sobre aux articulations Be-Bop.
Le tempo n’est pas élevé, mais de cette métrique en trois temps, se dégage un dynamisme communicatif.
“Autumn Nocturne” écrit par Josef Myrow ferme un album très bon sur le plan du classicisme et de la tradition, que j’aime entendre, un Jazz joué aujourd’hui attaché aux racines à l’héritage.
Si le quartet du saxophoniste ne bouleverse pas l’esthétique du Jazz contemporain, le lien avec le Jazz moderne, ce Hard Bop au swing entraînant est pour moi important. Le saxophoniste Russe réalise des albums toujours très plaisants.