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NOUVEAUTÉ ALBUM/ AZAT BAYAZITOV/ EXPECTATIONS

Ce jeune musicien originaire de Russie est établi aux États-Unis depuis quelque temps déjà.
Il a enregistré quelques albums d’un Jazz moderne qui captive par ses mélodies, une musique aux thèmes séduisants. Les arrangements vont vous séduire et les solos de saxophone d’Azat Bayazitov vous emporteront.
Après une entame toute en douceur du leader sur le thème éponyme, le saxophoniste présente la mélodie aux côtés du flûtiste Fernando Brox. Le quartet de cordes donne un envol aux solistes. La flûte part en premier, pour une improvisation qui entraîne la rythmique vers une séquence plus nerveuse. Les phrases du flûtiste Fernando Brox impressionnent par les débits rythmiques. En transition, le groupe joue une séquence d’une trentaine de mesures avant que le ténor aux élans bréckeriens ne parte dans un solo enflammé.
La pianiste Julia Perminova introduit de ses tendres arpèges le second morceau « Very New York », une mélodie très émouvante jouée par le saxophone soprano et la guitare de Silvan Joray, dont le son quelque peu saturé est propice au climat que le leader essaie de tisser.
La contrebasse de Roberto Koch très Blues dans l’esprit nous touche par ses notes à la fois mélodieuses et discrètes. La guitare lunaire nous emmène en voyage, nous fait décoller vers des sonorités qui sont très touchantes.
Si le soprano sur cette rythmique solide mais apaisante lance des notes en mettant quelques phrasés out, il revient à des passages plus mélodieux.
« Be Loose » est introduit par Azat en solo, suivi de l’entrée de la rythmique piano basse batterie qui impulse un groove assez captivant. Du binaire ternaire, le batteur passe en swing sur une partie du solo de saxophone. Avec un son doté d’une grande reverb, le guitariste explore des chemins très mélodiques au fil de l’improvisation. La frappe sur la caisse claire et les tomes laissent entendre une certaine finesse du jeu chez Yanis Jaunalksnis
Lyrique, le quartet de cordes étend une nappe sonore éprise de tendresse. Les sanglots des violons violoncelles vont et viennent. Le saxophone est très sentimental sur « Maybe Later », les arpèges de guitare en fond sont comme de la dentelle enrobant cette sonorité décidément liée au grand Michael Brecker. Le saxophone donne le sentiment de s’envoler à la fin de son solo.
Le thème « Stretching Out » assez énergique et porteur d’espoir laisse le tapis rouge à la contrebasse qui se fraie une voie mélodique. Là encore le saxophoniste accède à des notes aigues et intenses.
Le saxophoniste invite le clarinettiste basse Domenic Landolf à venir poser ses notes si particulières soutenues par les nappes de cordes magnifiques. Le sentiment qu’inspire le morceau « Make Them Friends » est entre urgence et espérance. Les échappées du saxophone sont vraiment séduisantes. La fin du thème donne le sentiment de précipitation.
Très bossa est la séquence suivante « Arina », la sonorité sensuelle du saxophone accompagnée des balais et des voicings très fins de la guitare. Le délié, le son, les trajectoires du saxophone tout est à savourer tant le feeling donne lieu à une grande émotion.
Le thème « A Step Further » est lui aussi une jolie mélodie dont le rythme du swing avance lentement. Avec pour seuls accompagnateurs le piano et la guitare, le saxophoniste laisse la place à un dialogue entre ces deux instruments à cordes.
Pour clôturer ce disque, Azat Bayazitov laisse un thème bien binaire à partir duquel la pianiste laisse partir les notes aux débits magnifiques et intenses.
Dans cette émulation collective, le guitariste se lance lui dans un solo aux accents rock en utilisant un son bien enragé. La batterie accentue tous les temps pour souligner ce dynamisme. Aux alentours de 3’40, le sax part sur un rythme plus groove plus centré sur le Hip Hop. Au fur et à mesure , le tempo monte et le saxophone déploie ses phrases Bop Funk renversantes.
Ce disque est étonnant par l’intensité et la puissance mélodique de ces compositions originales. Je n’ai pas souvenir ces derniers temps d’avoir entendu autant de thèmes inspirés distillant énergie bonheur et émotion.
Quelle belle découverte que ce saxophoniste Azat Bayazitov et son sens exceptionnel de l’écriture. La sophistication des arrangements, la finesse des cordes et des instruments donnent lieu à un album que j’estime proche de “Cityscape” album célèbre de MICHAEL BRECKER dont nous avons parlé plus haut. Le disque « Expectations » me rappelle cet opus majeur du début des années 80. Si vous écoutez les deux disques, sans doute vous y trouverez également des ressemblances, tant dans l’esprit des compositions que dans l’écriture des nappes de cordes.

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