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NOUVEAUTÉ ALBUM/ VIJAY IYER/ COMPASSION

Vijay Iyer est un peu au Jazz ce qu’Amadeus Cho est au super-héros . Un cerveau bouillonnant au parcours académique prestigieux (maîtrise de mathématiques à Yale, master de physique et doctorat en technologie à Berkeley). Il s’impose dans le milieu de Jazz à une vitesse étonnante : Prix MacArthur, professeur titulaire à Harvard, intégré au label ECM. A 52 ans, l’artiste pourrait s’inquiéter d’avoir tout réussi et de n’avoir plus rien à dire. C’est peut-être ce qui le pousse à devenir un artiste engagé.
Le New York Times parle à son sujet d’“une conscience sociale… un constructeur de systèmes… un penseur historique et une passerelle multiculturelle”.

Avec ce nouvel album, “Compassion”, Vijay Iyer nous montre qu’il poursuit avec la même détermination sa quête esthétique et conceptuelle.
Il développe sa recherche dans l’art du trio avec ses associés Linda May Han Oh et Tyshaw Sorey.
Ce sont les cymbales aériennes de ce dernier qui nous accueillent. Elles sont rapidement rejointes par le piano de Vijay Iyer et la contrebasse de Linda May Han Oh, pour un démarrage tout en douceur, avant de s’envoler après trois petites minutes de mise en jambes…
Les musiciens nous maintiennent en apesanteur avec le titre “Arch” en hommage à l’archevêque Desmond Tutu. L’esprit du label ECM est bien présent.
« Overjoyed » rend un hommage à Chick Corea et à son interprétation de la chanson éponyme de Stevie Wonder.
Dans « Maelström », le piano de Vijay Iyer nous entraîne dans un tourbillon rythmique, parfaitement secondé par son batteur; avec quelques intonations orientales, une main gauche envoûtante et des aigus cristallins.
Après le calme d’“Orison” pour lequel Tyshawn Sorey a sorti ses balais, se déchaîne la furie de “Tempest”, initiée par la contrebasse de Linda May Han Oh ; les trois musiciens se répondent et se complètent à merveille, et la contrebassiste nous fait partager l’étendue de son talent.
Retour à un peu plus de sérénité avec “Panégyric”, avant les deux minutes tourbillonnantes de « Nonaah », morceau avant-gardiste de Roscoe Mitchell, mentor important pour le pianiste.
“Where I am” change encore de rythmes ; nous sont proposés des enchaînements de triolets précipités au piano, suivi d’un solo de contrebasse très mélodique, toujours soutenus par une batterie au jeu complexe et omniprésent. Le plus beau morceau de l’album ?
“Ghostrumental” change encore de pied avec un rythme syncopé sur lequel vient s’appuyer Iyer. Encore un solo éblouissant de Linda May Han Oh. Avec “It goes” Vijay Iyer nous offre une magnifique ballade en solo. Enfin le trio se reforme pour clôturer l’album en liberté sur le beau morceau “free spirit”.

Vijay Iyer explique que la chose qui l’a le plus marquée en jouant avec des musiciens expérimentés, est que l’on se rétablit toujours dans les moments de crise, même en termes purement musicaux. Avec cet album, onirique et fiévreux, le pianiste démontre que ses recherches musicales sur le savant équilibre entre le jeu ordonné du piano et l’entropie naturelle du trio avancent dans la bonne direction.
On attend avec impatience ses prochaines expériences “scientifiquement jazz”.

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