En compagnie de ce pianiste, le Jazz est plutôt classique puisant dans la tradition. On y entend le swing, le Blues, typiques du Hard Bop. C’est ce Jazz des années 60 qu’il aime depuis tant d’années.
Je l’ai découvert sur l’album de Christian McBride “Gettin To It” datant de 1995 sur lequel figurent Roy Hargrove Joshua Redman Steve Turre.
Cyrus commence sa carrière dans les années 80, aux côtés de Wynton Marsalis Terence Blanchard, des musiciens de sa génération.
Vous n’entendrez pas d’innovation dans sa musique, mais on trouve une chaleur chez ce musicien qui aime faire swinguer les notes.
À ses côtés, le sax ténor Stacy Dillard apporte une certaine décontraction joue très classique sur le Blues “Cured And Seasoned”, en utilisant souvent la pentatonique. Le pianiste utilise les voicings pour ponctuer ses solos parmi les single notes. Dans les impros de quatre mesures, j’aime beaucoup la phrase à 3’09.
Si “Autumn Leaves” n’apporte rien de nouveau, les solos sont d’une finesse absolue, le sax ténor est moelleux.
La contrebasse de Gérald Cannon introduit le troisième titre ‘Ami’s Dance” sur huit mesures, en y mettant un certain groove, avant que le piano et la batterie ne rentrent. Dans ce thème très mélodieux au rythme binaire, se trouve une jolie mise en place sur deux mesures à 0’59.
Le pianiste essaie de toujours rester mélodieux et d’aérer, de faire respirer ses phrases. À 3’07, il fait un joli clin d’oeil à Miles en citant quelques notes du thème “Four”. Le soprano lui est plus intense dans les phrases.
“Prélude For George” est émouvant, il est presque un moment de recueillement.
La ligne de contrebasse installe ce climat de tristesse, que le sax illustre par un thème poignant.
Le swing est toujours à l’honneur sur “Twinkle Tones”, bien que la structure soit surprenante. Le morceau se construit sur une première partie de seize mesures, un pont de six mesures puis s’ensuit une dernière séquence de huit. La contrebasse part la première sur les sentiers de l’improvisation, en swinguant sur les voicings de piano et le drive leger du batteur Chris Beck.
Le soprano est lumineux lors du solo qui donne l’impression d’un envol. Au piano, la main gauche martèle les accords tandis que les phrases en single notes sont articulées magnifiquement. Sur huit mesures, il enchaîne des triolets sur ce tempo medium-up, puis sort quelques doubles croches.
Surprenante est la métrique en cinq temps sur la composition “Song For The Andes”. Le motif du début me rappelle “Greensleeves”. Le pianiste déploie des phrases étonnantes par leur directions ainsi que le saxophoniste par la densité et les flots de notes qu’il envoie.
“Big Foot” n’est pas celui de Charlie Parker. La contrebasse introduit le thème par quelques notes bien solides. Là encore, le pianiste suit les chemins du Hard Bop sur une structure peu répandue. J’aime beaucoup comment rentre le saxophoniste ténor en solo et comment il s’enflamme tout au long de l’impro.
Au piano, Cyrus fait danser ses notes sur une pulse détonnante. Si le batteur prend un solo énergique, il maîtrise le son et contrôle le volume de la frappe.
C’est un moment intimiste en compagnie du pianiste sur “Moonlight In Vermont”.
Tout seul face à ses touches il fait preuve de délicatesse sur ses accords.
Les artistes poursuivent par une valse en trois temps, intitulée “There’s A Fountain” .
Au cours d’une magnifique introduction, la batterie scintille et met en valeur les premiers accords de piano qui se déclinent en douceur. Le soprano est très sensible dans sa présentation du thème et le piano au son de cristal déroule des accords soyeux. J’aime les accents Blues du thème comme l’entrée du piano. La rythmique est souple, le piano joue souvent des trémolos, pour accentuer le côté Blues, même si il s’envole par moments avec des débits rythmiques élevés.
Les mélodies sont au cœur de cet album qui magnifient les belles harmonies et les rythmes sobres. J’aime l’attachement de ce pianiste à la tradition et à l’héritage.