Post Jazz

NOUVEAUTÉ ALBUM/ DAVE STRYKER/ GROOVE STREET

On est en présence d’un disque comme on les affectionne tout particulièrement. Dans le sillage Hard Bop, le guitariste Dave Stryker propose des compositions originales et quelques reprises.
Entouré de Jared Gold à l’orgue et de McClenty Hunter à la batterie, le trio invite le saxophoniste Bob Mintzer.
« Groove Street » est le premier titre de la session au cours duquel le guitariste montre l’étendue de son vocabulaire des phrases Be-Bop ciselées, très précises dans le délié et la mise en place. Le premier morceau est un Blues qui swingue à souhait et où les solistes partent dans des solos qui mettent tout le monde d’accord. Le guitariste déroule des phrases dans un esprit proche de Pat Martino. Le son de Bob Mintzer est lumineux, la technique est étincelante. L’organiste montre également son vocabulaire à travers ses salves.

L’orgue et la batterie introduisent « Overlap » en déployant un swing sobre et contenu pour un thème évoquant l’espoir.
Le saxophoniste et la guitare jouent à deux la mélodie.
Sur un drive de batterie solide, le saxophoniste part dans une impro sans tomber dans la démonstration. Le solo de Dave Stryker a des accents Blues.
Sur un tempo bien plus effréné, le thème suivant intitulé « Summit » me rappelle des thèmes Breckeriens comme sur l’album “Pilgrimage” de 2006.
Ce tempo up est une rampe de lancement pour les solistes. La guitare part en premier entre gammes pentatoniques et phrases Be-Bop sur une pulse puissante de McClenty Hunter.
Les articulations des notes de guitare sont belles, les respirations y sont. Le guitariste conclut par une phrase bluesy avant que Bob Mintzer ne parte dans un solo très maîtrisé comme à chaque fois. La flamme de l’orgue scintille, puis la batterie part dans une impro qui illustre la discrétion du batteur thème plein d’élan.
Le guitariste choisit de reprendre le chef d’oeuvre de Wayne Shorter “Infant Eyes”. Le rythme groovy donne à cette reprise un côté Smooth. Le sax est très délicat comme les nappes de l’orgue. La guitare joue dans un registre Bluesy l’orgue déploie ses nappes et à la fin des improvisations guitare et sax se lancent dans des impro croisées.
“Soulstice” est un retour au Hard Bop celui des Messengers, celui d’Horace Silver. Les mises en place complexes sont assez déconcertantes mais subtiles. Je compte vingt quatre mesures mais la structure n’est pas standard.
Le swing est au rendez-vous, les solos sont un émerveillement.
La reprise de “Cold Duck” est aussi une illumination. Inscrite dans le mood Blues et Soul, le thème distille un immense plaisir. La guitare au son de Gibson joue un solo Blues. Bob Mintzer apporte une belle envergure sonore au morceau.
La composition suivante est plus swing sur un médium up. “Code Blue” est un autre exemple de Jazz Hard Bop où les solistes livrent des improvisations enflammées. Le phrasé fait penser à Pat Martino. Dave Stryker peut rester plusieurs instants sur un motif, ce que les Américains appellent les licks.
Le drive de batterie est toujours clair, discret et swingue de folie. L’orgue envoûte par sa sonorité et le côté aérien de ses phrases.
La reprise de “The More I See You” peut étonner avec un thème classique en trente deux mesures. Toujours dans un langage Be-Bop, la guitare reprend les dernières notes du saxophoniste et crée ainsi un joli passage de relais. Les phrases de Bob Mintzer rebondissent bien sur le drive de batterie.
Enfin, le disque se conclut sur un thème plein d’énergie et d’espoir,“Straight Ahead” un thème long de vingt mesures.
Comme son nom l’indique, les solistes avancent tout droit, les solos sont toujours imbibés du langage Be-Bop. Le sax commence le bal des improvisations par des phrases souvent en croches. Le guitariste prend le relais pour une impro séduisante. L’orgue s’envole elle aussi.
Avec cet album Dave Stryker montre son enracinement dans ce Post Bop énergique et un Hard Bop explosif. Les compositions accrochent l’oreille, les solistes sont inspirés et la qualité des thèmes démontre que le Jazz a encore de belles pages à écrire.

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