Le nom “Brame de Zéphyr” résonne d’une poésie étrange. Comment est née l’idée de mettre dans la bouche virtuelle d’un vent doux et agréable (le zéphyr) le cri d’un animal emblématique de nos forêts européennes (le cerf) ?
L’album “Afofona”, frais et joyeux nous vient de Normandie. Le trompettiste et compositeur Simon Deslandes, le saxophoniste Raphaël Quenehen, le contrebassiste Nicolas Talbot, le batteur Philippe Boudot et le joueur de Kora Didier Dufour ont, en effet, tous fait leurs classes musicales du côté de Caen. Ils forment un ensemble très complémentaire. La sonorité unique du kora – instrument à cordes pincées originaire de la région Mandingue, à cheval entre Mali, Sénégal, Gambie et Guinée, s’allie à un quartet rythmes et cuivre plus conventionnel.
“Afofona” serait un cri ancestral issu de la langue des nouveaux-nés mandingues…
Cet album nous propose une parenthèse enchantée dans notre monde chahuté. La kora apporte une touche d’Afrique à cette musique normande. Les morceaux respirent la gaieté et l’équilibre.
Le premier d’entre eux “Tendre Laurence” nous immerge dans une mélodie particulièrement entraînante.
“Sisyphe” s’ouvre sur un dialogue entre batterie syncopée et kora puis évolue vers une conversation libre avec l’entrée en scène des autres instruments.
La kora démarre seule sur “Sirocco”, avant d’être rejointe par la trompette et les autres membres du groupe. Ils nous ballottent alors comme le vent du désert saharien dans des boucles sonores répétitives. Et le vent semble retomber peu à peu en approchant du terme de ce morceau en deux parties.
Le voyage se poursuit sur “Hepa”, également en deux parties. La trompette de Simon Deslandes nous propose des variations très mélodiques ; elle bien épaulée par les autres musiciens du groupe, Nicolas Talbot a la bonne idée d’utiliser son archet pour apporter une vibration organique à la première partie du morceau.
L’album se clôture avec le titre “Hadzidzith” et une superbe mélodie un peu mélancolique.
Gaieté, équilibre, originalité, métissage, alternances de rythmes effrénés et de moments méditatifs… On sort de l’écoute de ce magnifique album “Brame de Zéphyr” probablement un peu dépaysé, peut-être légèrement étourdi, et certainement très heureux !