La fine fleur, l’élite des musiciens de Jazz se retrouve autour du fabuleux arrangeur Christophe Dal Sasso pour un hommage à Chick Corea et son oeuvre de 1981 “Three Quartets”. Le flûtiste arrangeur m’avait déjà émerveillé au cours de son projet autour de John Coltrane.
Les premières nappes des saxophones trompettes trombones indiquent que les arrangements sont de très grande qualité.
Je me souvenais que la marche harmonique des solos du “Quartet n1” présente des couleurs orientales. Autour d’un même accord et sur une métrique qui semble être en ¾, le saxophoniste Stéphane Guillaume lance ses notes renversantes, explore les aigus, lance des motifs ravageurs. Dans le rôle de Michael Brecker, le saxophoniste Français est très convaincant. On sent l’influence de l’un sur l’autre. Après ce premier solo brûlant les cuivres lancent des nappes auxquelles succèdent une partie de piano
La trompette est aérienne, le solo fluide est une succession de belles notes articulées à la perfection.
Intrigante et sombre, telle est cette seconde composition “Quartet n 3”.
Les voix des différents instruments bois et cuivres s’agencent à merveille. On entend bien les sax, trompettes, trombones et clarinette basse. À la suite de ces différents riffs mystérieux, le piano lui aussi déroule arpèges et voicings intrigants.
La sonorité du trombone est apaisante en solo, le saxophoniste prend le relais, démarre calmement puis monte en intensité progressivement au fil des phrases Be-Bop.
Chick avait consacré un mouvement à Duke Ellington le “Quartet N2 part 1”.
Le saxophone qui expose le thème évolue sur un tapis sonore exquis. L’arrangement s’inscrit dans la tradition du Big Band.
Le swing apparaît et laisse le contrebassiste Manuel Marches dérouler un solo des plus soyeux. Sur ces belles notes rondes et graves on entend la flûte se poser et prendre ensuite un solo exprimant l’insouciance et la légèreté. Les sax trompettes la subliment.
Les trompettes détonnent sur le morceau “Slippery When Wet” où le climat est celui du Jazz moderne. La mélodie s’inscrit dans les traces de Monk cher à Chick.
Très classe est le solo de Pierre de Bethmann mêlant single notes et voicings, dans le sillage du pianiste Américain.
La fin peut paraître loufoque mais saxophone, clarinette,basse et flûte se livrent à des échanges de notes tout à fait intéressants.
Tristesse recueillement sur “Folk Song” des envolées toujours limpides respirant la nostalgie. La trompette joue le thème puis l’orchestre le reprend.
L’hommage se termine par un morceau qui ne figure pas sur le “Three Quartets”.
En effet “Tones For Joan Bones” figure sur l’album du même nom datant de 1966.
L’enthousiasme et l’énergie sont au rendez-vous. La contrebasse le piano la batterie introduisent le morceau les trémolos de trompette puis tous les soufflants jouent ce thème qui suscite l’espoir et l’envol.
Le morceau qui m’impressionne le plus est celui en hommage à Coltrane Quartet 2 Part 2. La section des soufflants donne une impulsion magistrale et nous fait bien ressentir cette ambiance à la Coltrane.
Le batteur rappelle le jeu énergique d’Elvin sur lequel le piano impressionne par les intervalles qu’il va chercher. Les motifs joués sont explosifs. Le saxophoniste ténor part dans un solo où les espaces alternent avec des articulations Be-Bop.
Les sorties des chemins harmoniques traditionnels s’entendent très bien.
La batterie prend un solo qui illustre sa précision. Le thème est rejoué avec panache.
En tant qu’orfèvre des sons, Christophe Dal Sasso produit des arrangements subtiles nuancés alternant nappes puissantes et voiles sonores plus douces.
Les improvisateurs de grand talent produisent des solos où la technique est au service de la mélodie.