La célèbre compositrice et arrangeuse Maria Schneider est connue pour ses arrangements sophistiqués et sa conception orchestrale. Son album “Skyblue” de 2007 vient d’être réédité sur le label Artistshare.
Quelques voicings de piano laissent une impression de Folk, de musique ancrée dans les racines de ces contrées aux grandes plaines. Si la mélodie est
dans un style proche de celui de Lyle Mays, les accords sont ensuite développés par les anches, avant qu’une voix pure et cristalline n’interprète la mélodie. Le bugle d’Ingrid Jensen apporte un climat méditatif, en créant de l’espace sur une ligne épurée de la rythmique faite d’arpèges de guitare la batterie et la basse. Les effets électroniques accentuent cette sensation d’espace.
La chef d’orchestre rend hommage aux rythmes du Tango avec sa composition “Aires de Lando”, morceau qui propulse la clarinette vers des envolées pleines de lyrisme aux motifs Orientaux. Très vite c’est l’ambiance de nostalgie qui se diffuse.
Les soufflants brodent des nappes fines et lumineuses qui dessinent l’harmonie pour laisser se promener la clarinette. Par séquences, on entend les triolets de croches dans l’accompagnement.
“Rich’s Piece” écrit pour le saxophoniste Richie Perry nous emmène vers un univers sonore soyeux où les voiles magnifiques mettent en lumière un sax ténor en quête d’espérance, d’espace et de profondeur. Le ténor prend de belles trajectoires mélodiques, lyriques proches du son de Jan Garbarek mais rappelant l’esprit Coltranien, la fougue et l’incandescence.
Une très belle ambiance se dégage du troisième morceau “Cerulean Skyes”. Le saxophoniste Donny McCaslin déroule un solo aux phrases intenses, avec en toile de fond des riffs de cuivres qui s’installent progressivement en douceur. On est là dans un monde sonore proche de l’onirisme puis lorsque le ténor arrive l’intensité des phrases et du son atteint l’apogée. Le solo de ténor de Donny montre en intensité les phrases âpres, les débits denses. Le calme revient ensuite lorsque Gary Versace joue de l’accordéon pour une séquence pleine de mystères.
Le souffle de l’orchestre est enveloppant évoque l’évasion le voyage
Le titre du disque “SkyBlue” commence dans la magnificence, la majestuosité, puis le soprano de Steve Wilson arrive. Sur ces harmonies très touchantes le soprano bouge sur la basse, le piano. On entend des phases harmoniques In n’Out.
À chaque morceau, un soliste est mis en lumière comme c’est souvent le cas en Big Band.
Maria Schneider réalisa “Skyblue”, un très beau projet de morceaux éclectiques.
Il n’est pas surprenant que cette chef d’orchestre et compositrice ait travaillé avec Gil Evans et Bob Brookmeyer, deux grands maîtres en la matière.