Actu Concert

Dernier Post

IMPRESSIONS CONCERT/ LAURENT COQ

Laurent Coq était jeudi 25/04,au Club 27, club de Jazz Blues que je ne vous présente plus.
Le pianiste nous a joué des compositions originales complexes du point de vue rythmique et harmonique.
Il ouvre le concert par un morceau écrit autour d’un motif solide sur un rythme binaire que la contrebasse et la batterie amplifient par leur énergie. Très baroque “Around The Corner” est écrit autour de motifs denses où les variations de rythme sont nombreuses. Au milieu du morceau les musiciens passent en swing.
La seconde composition, “Confidence”, est traversée aussi d’une intensité rythmique sur quelques séquences. Le beat est appuyé, la contrebasse de Yoni Zelnik chemine en déroulant des notes bien rondes et puissantes animées par un grand sens de la mélodie. En fond du solo de contrebasse, le batteur Fred Pasqua fait entendre la variété de son jeu. Je pense à Paul Motian, grand batteur de Bill Evans qui réagissait sans cesse à ce que faisaient les autres solistes. Le pianiste sort des sentiers battus, sonne parfois Free, comme si l’harmonie et le rythme étaient suspendus.
La troisième composition intitulée “Nawari” est inspirée du Mali. Le public savoure ces longs arpèges et accords, la toile harmonique est de la soie, l’intensité monte par moments.
La contrebasse soucieuse de mélodie, la finesse du toucher du batteur, le pianiste épris d’une quête perpétuelle d’explorations harmoniques et de surprises rythmiques, le trio m’emmène vers des horizons musicaux surprenants.
On entend le swing en filigranes, un swing suggéré.
Les accords métalliques et puissants introduisant “Caprice” me rappellent pour quelques secondes les accords du morceau ”Alter Ego” du pianiste James Williams.
La déclinaison des rythmes du trio donne le sentiment que les idées de chacun sont infinies tant les variations sont nombreuses. En fin de morceau, Fred Pasqua nous propose un solo fait de nuances et de sobriété où technique et précision sont au rendez vous
Comme autre grand moment du concert, la composition en hommage à la danseuse Japonaise Toshiko Oiwa. Les arpèges tendres et poétiques m’émeuvent par la sonorité et le romantisme qui s’en dégagent. La contrebasse danse sur ces magnifiques accords.
En clôture de ce concert, le pianiste propose une composition écrite pour un géant du piano Alain Jean Marie. “Mazurka pour Alain Jean Marie” est elle aussi difficile sur le plan rythmique.
En rappel, le trio nous quitte avec une ballade signée Duke Pearson intitulée “You Know I Care” que reprit Joe Henderson sur son album “Inner Urge”. Quelques accords délicats sont installés par le pianiste, la contrebasse et la batterie étant magnifiquement sobres.
J’aime ces quelques notes Bluesy qui surgissent de la part de Laurent Coq.

Très énergique, ce trio nous a joué un Jazz qui sollicite une concentration de tous les instants. L’écoute mutuelle entre Laurent Coq, Yoni Zelnik et Fred Pasqua atteint un niveau que seuls les grands musiciens atteignent. Le côté Free donne la sensation de déstructuration, de déséquilibre, tant les tensions rythmiques et harmoniques sont nombreuses.
Les trois Jazzmen ont joué hier une musique truffée de surprises, très sophistiquée qui m’a déstabilisé au départ mais dans laquelle je suis arrivé à rentrer.
Un trio qui vaut le détour !