Post Jazz

ACTU CONCERT/ IMPRESSIONS/ MAXIME BOYER TRIO

Le jeune guitariste Maxime Boyer qui a été formé au Centre des Musiques Didier Lockwood, est venu vendredi 12 janvier à la Caverne à Jazz de Marseille. Avec son trio, ils ont joué une série de compositions originales. Ce jeune musicien s’avance sur la scène presque timide et impressionné. Maxime Boyer s’installe sur ce tabouret dont il ne se lèvera que onze morceaux après. Sur un tempo binaire, la première composition qui se décline laisse entendre un son assez moderne, proche de ces guitaristes qui influencent les nouvelles générations, à commencer par Kurt Rosenwinkel. Ce qu’on comprend dès les premiers instants de ce concert, c’est une belle interaction entre la contrebasse, la batterie et la guitare. La fluidité des notes est intense.
Le batteur Leo Tochon et le contrebassiste Nicolas Fleury surprennent par leur mise en retrait et leur discrétion.
Le second morceau « Cirque » est une initiation à l’évasion. Les couleurs de ce morceau en trois temps fut pour moi le plus beau moment de la soirée. Très épuré, le thème nous percute par sa délicatesse et par ce qu’il va chercher dans notre imaginaire. Les phrases de guitare sont truffées de chromatismes bien amenés.
Après ce moment si raffiné le trio entonne un Blues pour un swing assez vif et tranchant. Le swing est cool, la walkin en velours et le drive mesuré.
La composition suivante intitulée « Close To The Abyss » est bien nommée. La sensation de vertige et de profondeur est bien présente au cours de ce morceau. La contrebasse hypnotique se mêle bien au jeu en douceur du batteur. Le climat donne l’impression que le temps est suspendu.
Au milieu de ces quelques compositions originales, le guitariste reprend une composition centrale du Hard Bop, « Punjab » du saxophoniste Joe Henderson. Même si le tempo est médium, les intervalles et les placements rythmiques de ce thème sont complexes. La trajectoire de la mélodie traduit une sorte d’apesanteur et de mystère. Le guitariste a un jeu fluide, ses phrases sont aérées soutenues par une rythmique à l’écoute.
Plus tard, le trio jouera une autre composition empreinte de douceur et de quelques élans signifiant tristesse. Si la contrebasse évoque les tourments, la guitare est elle plus lumineuse porteuse d’espoir.
Le morceau suivant joué sur un tempo medium laisse libre court à des envolées du guitariste.
Comme autre composition du Jazz Post Bop les jeunes musiciens interprètent « Eye Of The Hurricane » un morceau signé Herbie Hancock.
La mise en place complexe de ce thème très dynamique illustre la grande technique des musiciens. Le drive de la batterie est léger pour soutenir la guitare dont la précision mérite le respect. Le batteur une fois de plus joue en finesse.
Le trio revient ensuite à un morceau plus calme. Le son de la guitare ressemble à du velours, la contrebasse avance lentement. L’approche et le style font penser à Pat Metheny, par la couleur du thème et les articulations des phrases.
En fin de concert, Maxime Boyer reprend le standard « All Or Nothing At All », dont une version célèbre fut jouée par John Coltrane sur son disque « Ballads ». Le guitariste déroule de jolies phrases avec ce son rond, tandis que la rythmique joue de façon épurée.
Le trio finit ce concert par une composition originale au rythme binaire énergique et à la métrique peu commune.
Talentueux, ces trois musiciens ont proposé un Jazz exigeant où les harmonies et les rythmes atteignent un degré élevé de complexité. Ils ont combiné rythmes binaires, swing avec grande aisance au cours des thèmes et au fil des improvisations basées sur l’écoute mutuelle.

https://www.facebook.com/max.beckman1

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