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ACTU CONCERT/ JAZZ IMPRESSIONS/ ALEXIS TCHOLAKIAN À VAUVENARGUES/ 16 JUIN 2023

Le vendredi 16 juin 2023, je fus invité au concert du pianiste Alexis Tcholakian Alexis Tcholakian Music Page par Denise Dalest, une passionnée de Jazz et chargée du booking de cet artiste.

La soirée est magique pour plusieurs raisons, la première tient au lieu où se passe le concert, aux pieds des collines de Vauvenargues, un décor idyllique.

Magique aussi par les confections sonores que réalise ce septet. Le groupe commence le concert par un morceau aux allures de calypso, une mélodie qui respire la joie et la fête.

En improvisation, les solos sont de huit mesures chacun, ce qui est l’occasion pour chacun de se présenter. Les cuivres rejouent un motif du thème avant de laisser la place au couple batterie percussion qui improvise un joli solo, avec pour ligne seule le contrebassiste Lilian Bencini.

Une fois l’ambiance installée, le second morceau est chanté par Laure Donnat.

Sur un rythme binaire entre samba et autres rythmes de l’Amérique du Sud, le climat sur la première partie que tisse le groupe me rappelle l’époque de Return To Forever avec Flora Purim. Le timbre de la voix magnifique laisse sortir ses inflexions Blues qui nous touchent instantanément. La chanteuse laisse sortir des aigus d’une pureté sur ce rythme swing cool. L’alto entre « In » and « Out » montre toute la sensibilité inspirée des voicings de claviers en velours.

Le Blues n’est pas loin pour ces solistes qui s’expriment sans fioritures et sans détours. Alexis laisse promener ses doigts pour un solo émouvant ancré dans la Soul. Le pianiste sort un plan très Blues sur lequel il s’arrête quelques mesures. Entre Blues et harmonies Jazzy, cette composition est comme une suite de mouvements. J’entends dans la partie chantée des couleurs variées et d’une grande finesse.

Le troisième est une mélodie poétique, une invitation au calme et à la réflexion en trois temps qui donne une grande liberté aux musiciens. La voix assemblée à la finesse des cuivres apaise. Lorsque la rythmique passe en swing, le piano décolle et la flûte de Raphaël Illes revient pour lancer des phrases lumineuses.

Cette mélodie m’a véritablement enchanté.

Sur le morceau suivant, la contrebasse lance une ligne puissante sur laquelle se calent le clavier puis les cuivres. La flute exprime l’insouciance sur ce rythme chaleureux. À l’alto Gilles Grivolla prend la suite et déploie des phrases lumineuses et mélodieuses. Le contrebassiste se lance en solo lui aussi en improvisation en montrant outre sa clarté et sa précision, ses talents de mélodistes.

Les percussions recréent l’ambiance des Samba pour un solo simultané de Philippe Jardin et Cédric Bec, une sorte de dialogue. La fin du morceau est une boucle rythmique autour de laquelle tournent les instrumentistes.

Sur le morceau suivant, l’ambiance est d’abord sombre propice au songe et au doute puis vient une séquence plus lumineuse. Le motif de clavier me rappelle par son climat l’introduction de « No Quarter » de Led Zeppelin. Plus binaire le rythme entraînant amène le saxophoniste ténor à envoyer des notes pleines d’énergie.

Dans le répertoire le groupe enchaîne avec un morceau où rythme binaire et rythme ternaire alternent. En mode binaire, la structure du morceau est de trente deux mesures puis s’ensuivent seize mesures de swing qui donne l’entrain et l’enthousiasme.

Sur la ballade qui suit, on entend une harmonie poétique entre le sax alto et le ténor puis la voix qui se pose délicatement sur ces harmonies.

Sous le signe du Soul et du groove, une partie du thème ressemble à une séquence de « Naima » de John Coltrane. La chanteuse part dans une impro en scat qui est une tornade dont l’énergie monte au fur et à mesure. La puissance est au rendez vous Laure Donnat est littéralement habitée, elle retranscrit avec son timbre les racines des musiques Africaines qui nous percutent tout au long de cette impro. L’alto s’en donne à coeur joie en lançant des notes bien Soul Bop.

Enfin, pour clôturer le concert, le groupe livre une composition intimiste où les nappes de clavier enveloppent la voix sensuelle. Le climat de ce morceau s’approche des émotions que procure le chef d’oeuvre de Miles Davis « Blue In Green ».

Le septet d’Alexis Tcholakian a livré ce soir là un concert où l’émotion, la poésie, l’énergie se rencontrent au fil des compositions originales du pianiste. Avec ce groupe on voyage à travers l’histoire du Jazz on entend des références et on ressent des émotions variées.

Ce très beau concert n’a laissé à mon avis personne indifférent par les climats sonores que le groupe a réussi à installer.

Un soirée dont on se souviendra pour l’onirisme du lieu et des sons.

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