Post Jazz

NOUVEAUTÉ ALBUM/ DANNY GRISSETT/ TRAVELOGUE

Le pianiste sort son cinquième album en leader et depuis le départ de son aventure discographique, il enregistre sur les labels Criss Cross et Savant. Dany Grissett se situe dans la lignée du Hard Bop inspirant ses compositions personnelles. Sur ce disque qui semble être un bilan de son parcours, il commence par une composition Up Swing, “The Long Way Home”. En introduction, le pianiste enchaîne des accords avec justesse soutenu par une rythmique précise fine en souplesse, sur seize mesures. Démarre ensuite le thème, une composition qui évoque le voyage et l’espace. Le drive de Bill Stewart est aéré, le toucher du pianiste aiguisé. Il crée des espaces, ses mises en place sont impeccables et le son métallique. Galvanisé par la rythmique très contrôlée de Vicente Archer et Bill Stewart, le pianiste décolle. À la discrétion de la contrebasse, s’ajoute toute la subtilité du batteur.
Sur “Wonder Wander”, le pianiste nous emmène de suite par ses arpèges romantiques et lumineux. Sur un rythme binaire, le piano et la rythmique ponctuent cette mélodie de quelques mises en place subtiles. Articulées magnifiquement, les phrases de piano ont beaucoup de grâce, les flots de notes fluides, les trajectoires élégantes.
La ligne de contrebasse de “Interlude: Inbound”, ressemble à la ligne d’”Oblivion” un des motifs pleins de nostalgie du morceau d’Astor Piazzolla.
Les crépitements sur la caisse claire et le souffle des cymbales sont d’une douceur absolue. La finesse du jeu de batterie et celle de la contrebasse, me fascinent tant le son est nuancé.
Sur “The People In The City”, le piano respire. La trajectoire de l’échappée à 4’05 est surprenante. Les mises en place noires pointées croches, donnent du dynamisme.
Au tout début “Picture in Picture”, les accords sont des larmes. L’émotion est amplifiée par les notes de contrebasse. La batterie joue alors un rythme binaire nerveux, avant que le climat ne redevienne apaisant.
Comme une fin de film policier des années 50, le pianiste reprend “Whisper Not” signé Benny Golson. Dany Grissett fait danser ses notes sur la contrebasse et la batterie qui swinguent merveilleusement.
Très punchy l’”Interlude Outbound” repose sur la contrebasse qui groove et les frappes de batterie sur la caisse claire et les toms.
“The After Hours” commence par un motif de contrebasse bien rond puis arrivent les notes cool du piano. J’aime ce toucher délicat chez le pianiste.
Second standard “Here’s That’s A Rainy Day”, où la douceur du piano est en symbiose avec la caisse claire crépitante.
“Spin Cycles” est construit sur un effet de question réponse entre le piano et la contrebasse. Quand on écoute cet album, on sent une grande décontraction du pianiste. Pour conclure ce morceau, le piano et la contrebasse rejouent un motif mélodique à l’unisson.
Sans être démonstratifs, le pianiste et ses sidemen proposent essentiellement des thèmes originaux qui illustrent leur complicité. Entre sobriété, élégance des mélodies et des improvisations, Danny Grissett propose une musique de qualité et accessible.