Thomas Fratti est un guitariste originaire de Marseille qui propose un univers sonore pluriel, mêlant Rock et Jazz. Les influences majeures de ce talentueux musicien, sont Ritchie Kotzen et Nuno Bettencourt. Au delà de la virtuosité Thomas développe des phrases qui côtoient le Jazz par ses explorations rythmiques et harmoniques.
Les premières notes de Morphogénèse”, me font penser aux grands guitaristes de la Fusion, Scott Henderson ou encore Frank Gambale.
Sur une métrique complexe à comprendre, les envolées de guitare sont de véritables tornades, au milieu des syncopes, des toms de batterie qui avancent comme un rouleau compresseur. Le piano envoie un motif que la guitare reprend à l’unisson. Ce morceau est très dense sur le plan rythmique et par le flux de notes.
A 1’56, j’aime le groove qui surgit quelques instants.
Le second morceau “Temps Suspendu” en cinq temps est une mélodie jouée à l’acoustique secondée par des arpèges de piano.
Toute une séquence est d’ailleurs empreinte de Classique.
La guitare Folk se marie à merveille avec le piano et la basse électrique dans la composition “Ambre”. Ce climat me rappelle la musique de Larry Carlton, une musique Smooth, au cours de laquelle le guitariste joue des phrases Jazz et Bluesy. Les pointes Blues sont renversantes.
Suite à ce morceau de Smooth, la guitare acoustique présente une mélodie sur une métrique en six temps, se présentant plus comme une mesure à quatre temps puis deux temps. La seconde partie est une mesure à quatre temps.
Les envolées à la guitare acoustique et du piano me font penser à Pat Metheny. Piano et basse Fretless sont vraiment dans cet esprit.
Sur les “Variations d’accord Part 1”, la guitare acoustique en cordes nylon décline des arpèges sur lesquels, la guitare électrique présente un motif des plus troublants. Le clavier et la basse installent un climat sombre, la guitare électrique rugit au milieu de frappes de batterie intenses.
Thomas Fratti est à l’aise sur n’importe quelle guitare. Sur “DMT” le riff encore une fois puissant mais en fond les arpèges au son cristallin traduisent l’envol. La guitare électrique me fait penser à Steve Vai tant la technique du guitariste impressionne.
Le guitariste invite Marion Sanchez sur une chanson de Pop. Tout est très bien produit, la mélodie soignée et l’arrangement précis. On assiste à une montée en puissance des instruments, de la batterie qui multiplie les interventions.
Thomas présente ensuite un morceau intitulé “Electric Counterpoint”, ressemblant par l’esthétique à une pièce du même nom écrite par Steve Reich.
Pour conclure ce disque des plus surprenants et des plus éclectiques, “Hollywood Spleen” est une mélodie tendre et nostalgique enveloppée d’arpèges. Après le solo de guitare, la rythmique de la batterie s’enflamme comme le rythme des accords de guitare entraînants.
Morphogénèse est un bel album de ce guitariste, qui colore explore et varie les harmonies. Entre guitare acoustique et guitare électrique, Thomas Fratti est un technicien de haute volée cherchant toujours des thèmes et des arrangements originaux.
Dans la vague des nouveaux guitaristes comme Mark Lettieri, le Marseillais a tout d’un grand guitariste qui peut aller partout, dans n’importe quel univers.
Ceux qui aiment la Fusion ne seront pas déçus par cette aventure.