Depuis presque trente ans, la voix de Kurt Elling est toujours aussi envoûtante.
Ce nouveau disque “Wildflowers vol 2” est la suite du premier volume, que réalisa le chanteur avec le pianiste Sullivan Fortner au cours de cette même année 2024.
Il est ici question de délicatesse, de chansons d’une sobriété à l’état pur.
La voix est soutenue par quelques notes légères de piano, comme du cristal. Sobre et discret, est le jeu de Joey Calderazzo, pianiste qu’on ne présente plus, celui de Mike Brecker et de Branford Marsalis.
Le grain de voix a toujours un grand charme, la classe qui va de pair avec un pianiste lui aussi élégant dans les accords qu’il choisit.
On contemple, on savoure les notes, chacune étant bien choisie.
Sur le premier morceau, “Lost In The Stars” les quelques notes de piano tombent comme des gouttes sur la voix. Kurt nous emmène à 1’34 où les arpèges dans une tessiture aiguë, sont en symbiose avec le chanteur.
Le premier morceau sert d’introduction à la voix sensuelle et solide.
“Stars” (“Endless Stars”) démarre par des accords de piano cristallins, fins et purs.
Ce que j’aime dans ce disque, c’est l’ambiance qui se dégage. Le pianiste est tantôt imprégné de swing sur le standard “It’s Only A Paper Moon”, tantôt de romantisme et d’un sens presque méditatif comme sur “Current Affairs”.
Sur le standard, j’aime ce swing que Kurt dégage avec sa voix et l’accompagnement de Joey, une walkin parfois, des voicings souvent et un swing constant. L’impro est chantante, lumineuse, aérée, tout ce que je préfère dans le Jazz. Si le swing du pianiste communique la joie et de bonnes vibrations, le chanteur scatte avec simplicité et classe, dans le même état d’esprit.
Du morceau “Current Affairs”, il en sort une tendresse tout à fait poignante. La voix est l’élégance incarnée, le timbre, l’intention, les nuances, Kurt instaure un climat des plus cool et des plus romantiques. Les nappes de piano au son de cristal s’immiscent à merveille en toile de fond. Cette mélodie évoque une gravité que le piano met en lumière.
Le timbre est toujours grandiose sur le morceau suivant, une mélodie intitulée “August Winds”, émouvante empreinte de nostalgie. Le piano plaque quelques accords en introduction et en invitée, la trompettiste Ingrid Jensen lance quelques notes traduisant une certaine fragilité.
J’ai été très touché par ce poignant duo qui présente seulement cinq morceaux. Tous sont des diamants d’émotion et d’esthétique, tant par les harmonies pianistiques que par la texture vocale. La voix et le piano s’entremêlent à merveille, pour nous proposer une musique épurée, nuancée et d’une sensibilité extrême.