Le pianiste Américain revient en présentant un album, où harmonies magnifiques et thèmes mélodieux s’entremêlent. Complexité et esthétique, voilà ce que Marc Copland parvient à lier.
Le disque commence par la reprise du thème “Eronel” de Monk au tempo tranquille, sur laquelle l’harmonie et la mélodie sont tout à fait originaux comme souvent. Le jeu du soprano de Robin Verheyen compte des articulations limpides et des respirations.
Les solos sont cool. Robin Verheyen s’aventure au fil de ses phrases légères et aériennes.
De la tension et de l’urgence au morceau suivant “All That’s Left”, où les tornades de soprano s’amplifient par des harmonies ouvertes du piano et une rythmique qui cherche des espaces à explorer.
La séquence est tout en suspension et mystérieuse sur “Dreamin”. Les arpèges troublants accompagnent le thème au soprano lumineux. Les balais du batteur Mark Ferber sont scintillants, le piano explore sans cesse les trajectoires de notes des voiles harmoniques.
Quel swing débordant sur “LST” où la rythmique fait décoller les solistes.
Marc Compland présente de très belles compositions dont celle au sommet est “Destination Unknown”, qui comme son titre l’indique, traduit le voyage et l’évasion.
On entend le ténor et le soprano se frayer un chemin mélodique à travers la contrebasse et la batterie. Évasifs et songeurs, le ténor et le piano tissent des arpèges clairs et romantiques.
“ Passing Through” est assez solennel austère laisse beaucoup de liberté aux sidemen qui créent un espace intéressant.
Les arpèges de piano s’étendent pour laisser s’installer la mélodie jouée par le saxophoniste sur “Figment”. J’entends chez Marc Copland, un jeu varié ponctué de voicings et de notes simples. À cette sobriété, s’ajoutent les nuances de Mark Ferber scintillantes et celles de la contrebasse.
En reprenant le standard” Yesterdays”, le pianiste rappelle encore qu’il joue sans fioritures, qu’il phrase et raconte une histoire. Le swing de la contrebasse de Drew Gress et de la batterie sont discrets épurés. Le contrebassiste prend un solo et le saxophoniste Robin Verheyen se distingue par ses phrases au son agréable scintillant.
Marc Copland est comme les pianistes de sa génération, Richie Beirach, Phil Markowitz ou Andy Laverne. Ils découvrent et cherchent constamment des mélodies et des voicings non pas pour le plaisir de sophistiquer ou complexifier, mais pour magnifier l’esthétique et la mettre en lumière.