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SUR LA ROUTE DU JAZZ/ L’ORGUE HAMMOND/ BABY FACE WILLETTE (1933-1971)

Cet instrument de l’orgue Hammond est très répandu à la fin des années 50, même s’il apparaît plus tôt dans les années 30 grâce à Laurens Hammond.

Parmi les grands organistes, écoutons Baby Face Willette qui fut animé par la Soul toute sa vie. Il ne réalise pourtant que quatre albums en leader, en raison de sa disparition prématurée à l’âge de 38 ans.

Son premier album « Face To Face » paru chez Blue Note, donne une idée claire du style qu’affectionnait l’organiste, le Jazz imbibé de Blues sur des rythmes qui swinguent au point d’envoûter l’auditeur.

Dès les premières notes d’orgue, on entend le son chaud sur les phrases mélangeant le Be-Bop et le Blues. Sur un tempo up swing, le motif est joué pendant deux grilles, avant que l’organiste ne s’envole. Grant Green sort des phrases en croches avec un son légèrement saturé.

Au saxophone ténor, Fred Jackson au son puissant déroule des phrases énergiques.

Le musicien originaire de la Nouvelle Orléans poursuit par un Blues tranquille « Goin’ Down » où l’on entend les triolets.

La composition « Whatever Lola Wants » toujours empreinte de Blues a quelques accents orientaux.

Le titre éponyme est construit sur une structure en 32 mesures. La tourne de batterie de Ben Dixon impulse la Soul et le groove. La plupart des thèmes sont simples du point de vue harmonique.

L’organiste continue dans la voie chaleureuse du Blues en jouant le morceau « Somethin Strange ». Sur ce blues mineur, les riffs du saxophoniste et de la guitare émaillent le solo de l’organiste. Les phrases de guitare sont simples mais toujours bien placées et mélodieuses.

En toute simplicité, le saxophone joue de nombreux plans en pentatoniques (gammes de base utilisées dans le Blues).

Sur « High n’Low » la dynamique se rapproche de « Stolen Moments » et de « Work Song ».

En 1961, l’organiste publie chez Blue Note « Stop And Listen » toujours dans la même veine.

La guitare et la batterie ont un jeu en douceur. Feutrées et discrètes, ces instruments tenant la rythmique restent à leur place.

Si les notes ensorcèlent c’est par la chaleur des voicings et des notes. Parmi les standards connus, l’organiste reprend « Willow Weep For Me » ancré dans le Blues.

Les notes sont chaudes et croustillantes.

Plus cool, on entend les triolets de la batterie sur « Chances Are Few ». Grant Green avait cette particularité de jouer des phrases très Blues en les agrémentant de quelques chromatismes.

Le trio mène la pulse à haut tempo sur le morceau « Jumpin Jupiter ». Les salves de l’organiste sont toujours chaudes et formidablement limpides. Grant Green surprend car du Blues sur le morceau précédent, il sort des phrases plus Be-Bop.

Toujours le Blues dans le titre éponyme sur un rythme cool et entraînant.

Sur un 6/8 léger, le thème « At Last » vous apaise.

« Soul Walk » n’est autre que le « Blues March » de Benny Golson, que le saxophoniste jouait avec les Messengers. L’attaque de Grant Green est franche les notes sont tranchantes. Le guitariste use de phrases aux nombreux chromatismes.

« Work Song » de Nat Adderley est interprété avec pêche et tonus.

Sur un tempo up, le guitariste part en solo en jouant des motifs simples mais terriblement swinguants. Une fois de plus, l’orgue rugit.

Pour conclure, Baby Face termine ce disque par « They Can’t Take That Away From Me » de George Gershwin. Sur la charleston les notes de l’orgue rebondissent.

En compagnie de Lou Donaldson pionnier et figure emblématique du Soul Jazz, Baby Face tiendra l’orgue sur « Here Tis » qui commence par « A Foggy Day » une autre mélodie de Gershwin.Le blues de l’orgue est brûlant sur le morceau « Here Tis ».

Le quartet rend hommage à Charlie Parker par la reprise de « Cool Blues ».

« Watusi Jump » est un Blues qui part sur un tempo up. Les inflexions de l’organiste rebondissent sur le rythme de batterie.

Cette session se termine par un Blues exposé à l’alto, dont les notes du thème sont soutenues par les nappes de l’orgue sur tous les temps. Là encore les motifs sont joués dans cet esprit de Soul cool mais groove.

Baby Face sera également aux côtés du guitariste Grant Green sur l’album « Grant’s First Stand ». Démarrant par un Blues joué à grande vitesse, l’orgue ponctue de voicings légers le solo de la guitare. Le solo d’orgue diffuse de la chaleur par ses envolées Bluesy.

Au cours de la jolie version de « Lullaby Of The Leaves ». Le lyrisme de ses notes de velours transmet une émotion magnifique.

Le guitariste fait preuve d’un feeling grandiose tant les phrases sont souples dans le swing.

Concernant le troisième morceau « Baby’Minor Lope », la tourne de basse et de batterie ressemble à du John Lee Hooker. Les notes de l’Hammond nous transportent.

Sur le titre « Taint Nobody’s Business » l’orgue est tranquille tout comme sur le dernier morceau.

Dans la lignée de Jimmy Smith, Baby Face Willette conservait le Blues la Soul et le groove. Par ses phrases, l’organiste distillait la convivialité parmi ses compagnons.

Malgré sa courte carrière, Baby Face Willette est l’un des grands organistes de cette période de la Soul Jazz.

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