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SUR LA ROUTE DU JAZZ/ L’ELECTRO JAZZ DE BUGGE WESSELTOFT

Le pianiste Norvégien Bugge Wesseltoft est un chef de file de l’électro Jazz depuis de nombreuses années au début des années 90.
Cultivant les harmonies Jazzy et un groove savoureux, ce musicien les mélange aux rythmes des drum programming et des basses synthé.
Son parcours se retrace à travers une quinzaine d’albums.
Le piano épuré nous touche dès les premières secondes de son album « It’s Snowing On My Piano ». Très lent, le piano apporte une morosité quelque chose de sombre.
Arpèges et accords sont joués avec émotion. Le registre de cet album est le calme et la méditation.
Écoutez ce joli thème « Dat Kimer Na Til Julefest », où espoir et sensibilité se croisent.
Les arrangements soignés et raffinés en font une musique très sensuelle et attirante.
« New Conceptions Of Jazz » est l’album qui représente un envol.
La batterie et la contrebasse jouent un accompagnement solide en appui des voiles de claviers.
La voix calme créé une torpeur dans laquelle nous nous glissons à nos dépens.
La contrebasse est puissante les vibes de clavier lunaires. Bugge est un orfèvre des sons. Sur « New Conception Of Jazz », la basse synthé et la boîte à rythme insufflent un groove terrible. Le clavier reproduit le son des cuivres, le rythme nous entraîne.
Le morceau « Spectre Suprême » renferme des parties groovy puissantes. Le pianiste inclut des cocottes de guitare au cours du morceau « Trouble ». Le sax baryton s’installe avec ce son lourd.
Dans ce projet, les cuivres mêlés à la rythmique installent un thème qui irait à merveille pour être la bande originale d’un film policier. Le mystère domine la composition « Trio » à laquelle la contrebasse vient donner un côté underground.
Les basses sont la pierre angulaire de l’électro Jazz comme on l’entend sur le morceau « Poem ». L’énergie culmine par moments au cours du titre « Modular ».
En 1998, le pianiste réalise « Sharing » qui commence par un morceau cool « Feel Good ».
Le morceau « Sharing » est joué sur un rythme binaire ternaire comme souvent dans ce style. Sur le titre « Existence », le pianiste conjugue une mélodie apaisante claire avec un rythme plus haletant, traduisant cette impression d’urgence. La tournure acoustique, le feeling sur « You Might Say » est sans doute le moment le plus intriguant de l’album.
Les boîtes à rythme étant plus prégnantes sur « Eve Nin », j’aime moins ce style même si le rythme nous emmène sur le dance floor. Le pianiste conclut par « Breen’n Glue” un clin d’oeil à « Blue In Green » chef d’oeuvre de Miles Davis.
En 2001, l’album « Moving » est une référence dans sa carrière et le chemin qu’il emprunte. Les notes du clavier électrique dont la sonorité est celle d’un Fender Rhodes est grandiose sur le plan sonore.
« Change » a un groove envoûtant du fait de la contrebasse et de la boîte à rythme.
La voix lancinante qui intervient par moments est faite pour apaiser.
Ces ambiances électro, le pianiste les affectionne pour y tisser des thèmes simples et des patterns qui tournent bien. Au piano acoustique, Bugge Wesseltoft nous émeut dès les premiers arpèges qu’il décline. « Yellow Is The Colour » est la pépite de cet album. Derrière ces arpèges de soie, la boîte à rythmes impulse une tourne qui est toujours la même et la contrebasse ponctue de notes bien rondes. Surgit le saxophone ténor à 6’24 qui lance des notes émouvantes sur cette harmonie simple mais émouvante. Le titre « Lone » est un moment de douceur et de tranquillité que les balbutiements de la boîte à rythme ponctuent à merveille.
Comme son nom l’indique, « Moving » est plus entraînant mais la conclusion par « South » est un moment de douceur absolument délicieux.
Lorsque je découvre Bugge Wesseltoft c’est en écoutant « New Conceptions Of Jazz Live » qui m’éblouit. Les morceaux sont étirés durent à peu près un quart d’heure chacun. Les notes de Rhodes du premier morceau me restent gravées des années après.
La première piste est « Live In Amiens » est introduite par des notes sensuelles. Il faut écouter jusqu’à 1’30 pour être séduit. Ensuite la boîte à rythmes se met en route puis vient une ligne de basse très subtile pendant plusieurs minutes avant que le claviériste se lance sur la route d’un solo aux phrases magnifiques. Le second morceau est plus énergique avec un rythme toujours redondant derrière lequel les parties de basse grondent.
Le claviériste invita John Scofield à boeufer sur le le morceau intitulé « Live At Bla ». On y entend des cocottes rugissantes puis un solo hors du commun comme seul le guitariste Américain en a le secret.
Avec son projet New Conception of Jazz » le claviériste produit « Film Ing » un album où l’impression de profondeur et d’espace s’étire notamment avec « Skog ». La Soul le Funk ressortent de « Hi Is » et de « Oh Ye ».L’instrument asiatique à cordes transcrit bien l’idée du titre « Hope » cet espoir que la musique sait faire éclôre.
La composition « El » nous éblouit par son arpège d’introduction à quatre notes. De l’avant dernier titre « Film Ing », se dégage une ambiance originale créee par les salves bouillantes de l’orgue.
Pour ce chemin balisé par l’électro Bugge reprendra en piano solo quelques standards qui vous émouvront sans doute tant le toucher est délicat. Parmi les standards vous pourrez écouter « Darn That Dream » « Like Someone In Love ». Vous ne pourrez rester insensible à la version qu’il fait de « My Foolish Heart ».
En 2014, il sort « Trialogue » un disque où le pianiste fait appel aux sonorités mystérieuses. Ecoutez la version de « Round Midnight » que le contrebassiste expose avec finesse et que le pianiste poursuit dans un esprit épris de noirceur.
L’année d’après, Bugge sort « Bugge And Friends » un disque en quartet auquel participe le trompettiste ERIK TRUFFAZ. Le premier morceau « Play It » tourne autour de quelques accords de piano que la batterie vient dynamiser. Le thème « Breed It » est émaillé d’un rythme tranquille syncopé sur lequel le saxophone ténor vient coucher quelques notes.
« Faz It » est une illustration de ces climats mélodieux que ce musicien arrive à confectionner.
Ces dernières années le pianiste publia des projets moins axés sur l’électro.
Chez Act, il sort en 2017 « Everybody Loves Angel » et « Be Am ». De ce dernier le titre « Roads » nous percute par sa sobriété et par son côté mélodique, une très belle conversation entre le clavier Rhodes et le saxophone.
Bugge Wesseltoft aura ouvert le Jazz à des nouvelles sonorités.
Chef de file de ce mouvement électro, il explore sans cesse de nouvelles contrées. Son projet « New Conception Of Jazz » aura influencé de nombreux artistes en Europe et dans le Monde.

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