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SUR LA ROUTE DU JAZZ/ LE HARD BOP LE JAZZ A LA SOUL/ LA TROMPETTE DE DIZZY REECE

Le trompettiste estampillé Hard Bop enregistra quelques grands disques dans les années 60. Les plus connus sont notamment ceux gravés chez Blue Note quatre albums « Blues in Trinity » en 1958, « Star Bright » en 1959, « Comin’On » et « Soundin Off » en 1960.
Dizzy Reece a dans son jeu et ses compositions un esprit Soul et Blues.
Dans son premier album « Blues In Trinity » il invite un autre grand de la trompette Donald Byrd. L’ouverture du thème éponyme est majestueux, tant le rythme s’enflamme alors ⁸que le piano et la trompette jouent plutôt de façon cool les solos. Le saxophoniste ténor Tubby Hayes joue lui une improvisation très dynamique, un solo puissant.
Quand on écoute ce morceau on a le sentiment que les rythmes se superposent comme une polyrythmie enflammée. Le rythme est battu comme un 6/8 très rapide.
Après un solo d’esthétique Be-Bop, le pianiste Terry Shanon se situe lui plus du côté Bluesy.
La suite de l’album est elle sous le signe de la poésie comme on l’entend sur « I Had The Craziest Dream » une mélodie intimiste et romantique.
Invité sur quatre titres, Donald Byrd vient notamment partager un Blues de plus de dix minutes « Close Up », au cours duquel le son feutré sert les accents Bluesy des Jazzmen.
Trente deux mesures du thème « Shepherd’s Sérénade » au cours duquel le tempo up de la batterie galvanise les solistes. Au cours du thème « Color Blind », le saxophoniste Tubby Hayes improvise un solo survolté.
« Eboo » est un thème au tempo medium up dont la ligne mélodique illustre l’espace et la respiration. Le trompettiste Dizzy Reece développe des lignes mélodiques ciselées précises et d’une grande fluidité.
Le Swing est crépitant sous les baguettes d’Art Taylor comme on peut l’écouter dans le morceau « Eboo ». Les notes de trompette sont chaleureuses
En fin d’album, le morceau « Just Penny » au tempo-up est une séquence durant laquelle le saxophone et les trompettes se lancent dans une battle.
Le second album « Star Bright » est enregistré en 1959 et réalisé avec une section prestigieuse composée du pianiste Wynton Kelly, du contrebassiste Paul Chambers. Hank Mobley grand ténor de l’époque nous séduit avec sa sonorité souple. Le thème « Rake » est très cool et Blues.
La mélodie du standard « I’ll Close My Eyes » jouée par le sax et la trompette, nous enveloppe de leurs solos qui s’articulent autour de belles notes jouées en croches.
« Groovesville » est introduit par le piano jovial de Wynton Kelly pendant plus d’une minute.
Les compositions de Dizzy sont écrites selon un cadre assez standard, des grilles de 32 mesures ou des Blues.
Le disque contient un second standard « I Wished On The Moon » un joli thème au tempo medium.
Cet album se conclut par un morceau medium up intitulé « Variation On Monk ». Le saxophone d’ Hank Mobley est toujours soyeux tandis que la trompette est plus aérienne.
En 1960, le trompettiste sort deux disques « Comin On » et « Sounds Off ».
« Comin’On » commence par un Blues qui va vite. Dans ce disque Dizzy Reece invite plusieurs solistes et sidemen.Le Blues « Ye Olde Blues » ouvre la session sur une énergie incroyable. Le morceau « The Case Of The Frightened Lover » est déjà dans une esthétique un peu plus moderne lorsqu’on écoute les placements du piano.
La composition « Achmet » me semble être introduite par Art Blakey Art Blakey – Blue Note Records avec une énergie étincelante. À entendre le tempo élevé et intense, on percoit entre autres, toute la technique de Stanley Turrentine et de Dizzy Reece. Nostalgie sur fond d’ambiance Sud Américaine, lorsque le groupe reprend « The Story Of Love ».
Pour la seconde partie de l’album, Dizzy Reece s’entoure du saxophoniste Musa Kaleem, du contrebassiste Sam Jones, d’Al Harewood et de Duke Jordan au piano. Il faut écouter « Goose Dance » un thème qui débute par des envolées de flûte à la très belle sonorité, suivies des envolées de Dizzy.
La clôture du disque se fait par « The Things We Did Last Summer » une mélodie romantique que le trompettiste sublime par le son, par les notes.
Sur « Soundin’ Off » on retrouve Art Taylor mais le reste de la rythmique change Walter Bishop Jr et Doug Watkins. Sur six titres Dizzy signe deux compositions « Eb Pob »et « Blue Streak ».
La première est une composition de trente deux mesures structure classique, dans laquelle la trompette chemine du Blues au Be-Bop. La seconde est un Blues qui conclut le disque de façon joyeuse. Lorsque la trompette joue le thème, j’aime le motif au piano à la sixième mesure qui répond à la mélodie. Le piano introduit son solo par une suite de voicings, puis par des notes simples qui ont un swing d’enfer.
Si nous avons présenté Dizzy et ses quatre albums chez Blue Note, le trompettiste a réalisé d’autres pépites comme « Asia Minor » dont nous avons déjà parlé en présentant « Spiritus Parkus » un morceau du baryton Cecil Payne.
En 1956, il enregistrera « A New Star » où l’on entend déjà ces belles croches ce jeu en syncope. Le thème « Bang » montre la limpidité du jeu de Dizzy ainsi que son style Be-Bop affirmé.
Écoutez les enregistrements avec Victor Feldman, vibraphoniste et pianiste intitulés « Progress Report ».
Dizzy est en sideman joue sur le disque « The Flip » d ‘Hank Mobley saxophoniste présent sur “Star Bright”. Le jeu du trompettiste s’inscrit dans une âme Blues Soul Jazz.
Le trompettiste sera invité sur quelques grands disques comme celui-ci ou celui du pianiste Duke Jordan « Flight To Jordan ».
Il participera à un album d’Andrew Hill « Passing Ships » sur lequel ses phrases sont toujours synonymes d’envol d’espace. Pour ce travail avec ce pianiste, Dizzy développe toujours des phrases aiguisées et chaleureuses en même temps, que ça soit sur « Sideways » ou « Plantation Bag ». Sur « Noon Tide » il va chercher des tensions pour répondre au jeu brûlant du saxophoniste Joe Farrell.
Grand improvisateur dans le style Hard Bop ce trompettiste a une place importante dans ce Jazz moderne des années 50 et 60. Le son feutré, la technique de haute volée et un sens de la mélodie enrobée de Blues, telles sont les caractéristiques du jeu du trompettiste Jamaïcain. Dizzy Reece reste comme l’un des grands trompettistes du Jazz moderne post Bop avec Freddie Hubbard Freddie Hubbard – Blue Note Records , Lee Morgan Blue Mitchell et d’autres.
Dizzy Reece – Achmet

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