Il était l’un des batteurs incontournables de la période du Be-Bop. Si Art Blakey, Jo Jones, Max Roach sont des grands batteurs, Kenny Clarke apporta son empreinte.
L’environnement dans lequel il est né est très favorable, son père, Charles Spearman, étant tromboniste et sa maman Martha Grace Scott, pianiste.
Son père quitte le foyer et sa maman meurt lorsque le petit est âgé à peine de cinq ans.
A l’aise sur la caisse claire comme sur les cymbales et la grosse caisse, on entend la souplesse d’un jeu qui rebondit.
Le style est discret, la ride timide, le jeu sec. Il est le pionnier de la batterie moderne par son approche nouvelle de la ride et de la charleston qui soulignent le tempo. La caisse claire et la grosse caisse ne sont là que pour ponctuer le rythme. Kenny continue d’explorer le chemin que Jo Jones
En tant que leader, il enregistre en 1954 son premier album intitulé “Telefunken Blues”. Le rythme est souligné par les cymbales, la ride et la charleston pendant que la grosse caisse ou caisse claire interviennent de temps en temps.
En écoutant cet album j’écoute un batteur qui est assez sobre sans accentuer les frappes sur les différents éléments. Le swing est tranquille, le drive est doux.
Accompagnant les plus grands, Kenny apportait de l’énergie, et de son jeu se dégageait un swing pétillant.
Il n’est pas un soliste comme les autres il improvisait peu.
Les solos lors du concert de mai 1949 avec Miles et Tadd Dameron sont joués avec finesse comme les 4/4. Ecoutez “Riftide” et “Lady Bird”, au cours desquels le batteur joue délicatement sans jamais couvrir les solistes.
En compagnie du trompettiste Nat Adderley, il jouera sur “Bohemian After Dark”, un thème du contrebassiste Oscar Pettiford aux accents Hard Bop. Cette session regroupe d’autres musiciens prestigieux, Jérôme Richardson au sax Donald Byrd à la trompette. Le reste de la rythmique est Horace Silver au piano et Paul Chambers à la contrebasse. Le drive sur la cymbale est sobre le batteur ne prend pas trop de place n’étouffe personne
La ride et la charleston ne sont pas trop forts.
Le batteur aimait les dialogues entre lui et les autres instruments. Le disque “Klook’s Clique” commence par une ligne de contrebasse puis alternent deux mesures de motifs de cuivres, et deux mesures de batterie. Kenny poursuit par des roulements sur la caisse claire pendant trente deux mesures. Le drive sur la cymbale tout en douceur accompagne le trompettiste Donald Byrd ainsi que les autres solistes. La Porta Thority est un thème d’esthétique Be-Bop joué avec douceur par la trompette et l’alto. Le volume illustre le sens de l’écoute qu’il avait des autres musiciens.
En 1961 il publie avec Francy Boland l’album “The Golden”, premier d’une longue série avec la formule Big Band. Le jeu de Kenny est très souple sur la cymbale les ponctuations sur la caisse claire crépitantes. Il faut l’écouter sur les ballades comme le balai enveloppe enveloppe le son suave du ténor Karl Drevo.
Sur “High Notes” la conduite du swing sur la cymbale est bien régulière sur le plan du volume, le son est moelleux.
Dans le disque “All Blues” de 1969, on entend une section de cuivres lumineuse et un jeu de baguettes absolument discret. L’album commence par le morceau “Wildman” un thème que le batteur orne d’abord des balais sur la caisse claire. Le toucher est d’une finesse la cymbale toujours discrète. Sur le morceau “The Jamfs are Coming”, le batteur répond aux riffs de cuivres par des ponctuations de deux mesures.
Ce disque est assez moderne du point de vue des arrangements pour l’orchestre si vous écoutez par exemple “Dia Blue”. Le swing retentit un peu comme de la Soul Jazz.
Remontons quelque peu dans le temps en parlant d’albums très importants de Miles.
Il participe à un disque important de l’Histoire du Jazz en 1949, intitulé “Birth Of The Cool”. La batterie se glisse derrière la section de cuivres et la trompette de Miles. Le jeu est extrêmement fin sur la caisse claire et la cymbale.
Kenny Clarke fut aussi le batteur sur la session “Bag’s Groove” de 1954, avec Thelonious Monk au piano sur le titre éponyme. Sur ce Blues de Milt Jackson, le batteur accompagne en jouant droit avec simplicité.
“Walkin” en 1954 commence par une accentuation de la batterie sur les deuxième et quatrième temps. Sur le tempo rapide “Blue’N’Boogie” la cymbale rebondit bien sur ce tempo up swing. Les balais sont moelleux sur “Solar” joué cool et ils le sont encore plus lorsque le trompettiste reprend “You Don’t Know What Love is”. Savourez le jeu aux balais sur le standard “Love Me Or leave Me”. Les phrases d’Horace silver et de Miles sautent sur ce jeu aux balais en retrait mais dynamique.
En 1957, il est le batteur de la session du film “Ascenseur pour l’échafaud” film dans lequel le batteur s’illustrera par son jeu de balais sur un tempo sur les chapeaux de roue. C’est le cas de le dire lorsqu’on écoute la batterie et les claquements des balais.
En 1963, il jouera sur l’abum de Dexter Gordon “Our Man In Paris”. Écoutez la mise en place de huit mesures sur “Scrapple From The Apple” qui part sur le troisième temps.
Le swing de ce batteur est chaleureux, la cymbale n’est jamais trop forte.
Kenny Clarke était la finesse incarnée à la batterie. Innovateur, il montra la voie à de nombreux batteurs pour ce swing sur les cymbales ride et charleston. Sans volonté de démontrer quoi que ce soit, il accompagnait simplement les solistes en ayant une approche légère dans le son.
Je vous laisse avec une vidéo du batteur jouant Be-Bop. Il introduit le morceau par un jeu sur la charleston.S’ensuivent des solos de quatre mesures en alternant avec les interventions de la section cuivres.