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SUR LA ROUTE DU JAZZ/ ENTRE SOULET JAZZ/ RAY CHARLES/THE GENIUS

La Soul de Marvin Gaye, Curtis Mayfield et d’autres puise dans les harmonies de base du Blues. Très souvent les cadences harmoniques basiques traduisent des ambiances mélancoliques et sensuelles par un rythme entraînant que l’on qualifiera de Funk.

Parmi ces artistes, le chanteur et pianiste Ray Charles ne choisira pas la Soul comme unique chemin musical.

Manifestant ses influences du côté de Nat King Cole il sera un crooner de Rythm n’ Blues et de Jazz.

Il sortira son premier album en 1957. Intitulé « Hallelujah, I Love Her So », Ray âgé de 27 ans chante des Blues, où la rythmique met en valeur les triolets sur des mesures en 6/8.

Le titre éponyme rime avec optimisme sur un rythme ternaire. On entend les ponctuations de cuivres, un solo de saxophone exprimant l’allégresse.

Le second album « The Great Ray Charles » date aussi de 1957. Plus Jazzy on trouve un morceau signé Quincy Jones un autre signé Horace Silver et des standards comme « Undecided », « My Melancholy Baby » et « The Man I Love ». Le swing crépite.

En 1958, avec « Yes Indeed » le pianiste revient à un répertoire plus bluesy plus Rythm n’ Blues.

La même année, Ray enregistrera en compagnie du vibraphoniste Milt Jackson la session intitulée « Soul Brothers ». Si les morceaux sont à la base des Blues, ils ont la sophistication du Jazz sur le plan des improvisations.

Bien qu’étant un blues, le morceau « Cosmic Ray » développe dessus des phrases aux articulations Jazz. Ce disque contient de nombreux morceaux comme « Bags Of Blues », Soul Brothers » qui swinguent et groovent.

En 1961, il enregistrera à nouveau avec le vibraphoniste une session du n’importe de « Soul Meeting ».

Un concert à Newport en 1958 fera l’objet d’une publication. Il reprendra I Got A Woman et un morceau de Max Roach « Blues Waltz ».

L’album « The Genius Of Ray Charles » fait référence au surnom qu’on lui attribua. Mélange de Soul et de Jazz, le chanteur interprétera « Come Rain Or Come Shine ».

Les grands titres que le public retiendra sont « What’d I Say » en 1959 ou « Hit The Road Jack » en 1960.

La reprise qui rentrera dans l’Histoire comme étant l’hymne de lutte contre la ségrégation, sera sa version de « Georgia On My Mind », écrite par Hoagy Carmichael en 1930. Figurant sur le disque « The Genius Hit The Road », on entend le choeur qui tisse un voile vocal derrière le chant de Ray pour donner un côté Gospel. Cette reprise deviendra une référence et un symbole très important pour l’évolution de la Société Americaine. Cette session sera émaillée de quelques standards Jazz.

Sa voix chaude et puissante faisait qu’il apprivoisait le Swing avec justesse.

Si vous écoutez la version de « Goodbye/We’ll Be Together », la chaleur de sa voix se mêle à la voix fine et feutrée de la chanteuse Betty Carter.

L’album qu’ils ont fait ensemble en 1961 est une perle.

La session est dirigée par Marty Paich.

Les nappes des Jack Halloran Singers sont un vrai délice sur les ambiances apaisées.

Si il a traversé au cours de sa vie personnelle des drames comme la perte de la vue d’abord progressive puis définitive, la mort de son jeune frère sous ses yeux, Ray n’abandonnera jamais malgré ces épreuves. La musique sera le moyen de se transcender.

Ray Charles aura durant toute sa vie, conservé le lien entre la Soul et le Jazz. Jouant des rythmes très énergiques sur le ternaire et doté d’une voix de velours puissante, il séduira l’auditeur par sa dynamique intense.

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