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SUR LA ROUTE DU JAZZ/ EN PLEIN FREE/ CECIL TAYLOR/

Il était un pionnier de l’esthétique avant gardiste ou Free.

Cecil Taylor arpenta très vite les chemins de la déstructuration en s’échappant des contraintes. En 1956, il enregistre « Jazz Advance » qui montre à quel point il triture les mélodies sur le plan harmonique. La fougue dans son jeu est telle que c’est comme si il était percussioniste. Il pousse les harmonies cherche les tensions sur « Bemsha Swing » signé Thelonious Monk.

Le titre « Charge ‘Em Blues » ne fait que confirmer ce choix esthétique, cette recherche de dissonances.

Le pianiste Americain joue avec grande technique le titre « Azure ».

« Song » surprend par la densité harmonique du piano à laquelle s’ajoute le saxophone de Steve Lacy.

On entend dans son jeu de piano des éléments du ragtime combinés à des articulations chromatiques Be-Bop. Sur un tempo up le pianiste développe ce jeu très particulier.

« Looking Ahead » est un disque de 1958.

Le pianiste tente de converser avec le vibraphone d’Earl Griffith. La conception de l’agencement sonore est tout à fait intéressante. Il fait preuve de douceur et raffinement sur « African Violets ».

En plus d’etre puissant, le jeu de piano est très rythmique. Le pianiste est si proche de la transe avec ses notes que le tempo devient up.

Il enregistre le disque « Love For Sale » mais déjà on y entend la confirmation de l’avant garde du pianiste qui s’échappe vers l’abstraction et l’innovation. Trois titres de Cole Porter. Le trompettiste Ted Curson est invité à jouer sur deux titres. Si le swing est bien là pour l’exposé du thème « Little Lees », Cecil Taylor s’échappe dans ses aventures harmoniques et sonores.

Le dernier morceau « Matie’s Trophies » est dans un esprit assez Soul Jazz. La section sax trompette est assurée par Bill Barron et Ted Curson.

Sur « Hard Driving Jazz » enregistré en 1958 et publié en 1959, Cecil Taylor s’entoure de John Coltrane.

Le thème « Shifting Down » est très Bluesy les accords de piano Monkiens et le solo de saxophone est brûlant par l’énergie des phrases. Le jeu de piano est truffé de voicings. Notons la présence du trompettiste Kenny Dorham qui joue très Be-Bop mais trop classique pour Cecil Taylor. Le thème de fin « Double Clutching » est un Blues à deux voix assez moderne.

Le pianiste aime jouer avec les voicings et diversifier les trajectoires mélodiques.

Si on entend sur ces albums l’envie de se détacher des conventions harmoniques et des cadences le disque « The Conquistador » constitue une réelle rupture. En effet il enregistre seulement trois morceaux dont une Alternate Take. Entouré entre autres du trompettiste Bill Dixon, du saxophoniste Jimmie Lyons du batteur Andrew Cyrille le disque fait partie de ces bouleversements de l’époque. La musique peut être abstraite oppressante pleine de mystères.

Les motifs sont tourbillonnants voire angoissants sous les doigts du pianiste et la fougue de la batterie et de la contrebasse amplifie ces impressions.

Le saxophone et la trompette sont en phase et leurs sonorités sont explosives. La technique n’est pas foudroyante mais la stylistique est très particulière.

Trajectoires insolites des notes, intervalles peu communs Cecil Taylor aimait déchiffrer explorer. Il est un pionnier du mouvement que l’on appelle Free Jazz. Il va au delà des cadres traditionnels et devient l’un des chefs de file de ce mouvement avec l' »Art Ensemble Of Chicago » et « Albert Ayler ».

Très percussif ce Jazz est complexe à aborder mais les conceptions harmoniques sont pour l’époque une nouvelle voie du Jazz.

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