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SUR LA ROUTE DU JAZZ/ BENNY GOLSON

Né en 1929, Benny Golson appartient à une génération de saxophonistes qui ont voulu jouer comme Charlie Parker celui par qui le Jazz a connu une révolution.
Dans le sillage et la figure tutélaire de Coltrane, Benny a commencé à jouer en 1947.
Il sera l’un des papas du Hard Bop au sujet duquel des groupes se montent pour célébrer ce nouveau courant l’emphase entre le Blues et le Be-Bop en y ajoutant la musique modale.
Benny Golson est connu pour sa sonorité de velours et ses compositions qui sont devenues des thèmes incontournables.
Le saxophoniste est connu pour avoir une approche en douceur au niveau rythmique et sur le plan sonore. Dans l’album chez Blue Note “Benny Golson And The Philadelphians”, j’entends les couleurs du Blues et des notes jouées avec décontraction. Extrait
Le saxophoniste était un très bon soliste et se distinguait aussi par les arrangements qu’il faisait pour les différents instruments trompette, sax, alto, trombone selon les sessions.
Il avait le sens des balades en composait des très belles comme “I Remember Clifford”, un hommage à l’immense Clifford Brown avec qui le saxophoniste avait joué.
En 1957, son disque “The Modern Touch” illustre son esthétique pleine de finesse.
Le swing est souple les tempo up mais pas à toute vitesse. Savourez le son de velours du saxophoniste sur “Namely You”.
Les thèmes qu’il composait mélangent le Jazz Soul et les innovations harmoniques.
Le saxophoniste écrivait les toiles sonores pour le sax, la trompette ou le trombone. En solos la sonorité moelleuse rime bien avec la finesse des phrases même si elles dégagent beaucoup d’énergie.
On peut avoir comme angle d’approche, la discographie dans son ensemble, mais les compositions étant devenues des standards, il est intéressant de raconter ce qu’elles évoquent.
En 1958, sa composition “Along Came Betty” figure sur le disque “Moanin” des Jazz Messengers. La mélodie écrite sur un tempo médium jouée par la section sax trompette est un thème doux accompagné par un jeu de batterie discret.
Le sax fera partie d’un autre groupe de Hard Bop The Jazztet avec Art Farmer.
Joué aussi sur l’album “Benny Golson And The Philadelphians”, “Blues March” avait été repris au cours de la session de “Moanin”. Art Blakey accentue tous les temps sur la caisse claire pendant que les solistes se lancent dans les improvisations. Le saxophoniste a voulu faire ressentir cette impression de fanfares celles de la New Orleans.
Autre thème qui devint un standard, “Whisper Not”, que l’on imagine bien comme un générique de film.
Le saxophoniste proposait des compositions qui swinguaient en tempo tranquille et plus rapide.
Écoutez le thème “Staccato Swing”, un thème qui pulse joué par une section cuivres au rendez vous et une rythmique contrebasse et batterie qui rebondit à souhait.
En 1962, Benny signera un album intitulé “Turning Point” dans lequel il joue une ballade dont le souffle sensuel conquiert l’auditeur. Il est accompagné pour cet album de la section rythmique de Miles Jimmy Cobb Paul Chambers et Wynton Kelly.
“Turning Point” est plus punchy, le drive est léger, la contrebasse est fluide et le son du sax clair.
Benny Golson de disque en disque, aime varier les configurations orchestrales. La même année que “Turning Point” il s’entoure de monuments comme Bill Evans, Ron Carter, Wayne Shorter, Eric Dolphy. À cette partie Jazz représentée par ces derniers, il enregistre une autre session à laquelle participe une section composée de la flûte et des cordes pour un style plus pop.
La partie Jazz fut rééditée sous le nom de “Just Jazz”. Pour cette session, le groupe reprend du Be-Bop, celui Charlie Parker du Hard Bop signé Horace Silver et des standards issus des chansons populaires.
Pendant dix ans, Benny ne publiera aucun album. Dans les années 80, il enregistra quelques très bons albums en compagnie de Curtis Fuller, Freddie Hubbard et Woody Shaw.
En 1981, il enregistre “California Message” un disque dans lequel figurent des compositions nouvelles illustrant à merveille le Hard Bop. J’entends le clavier électrique qui fait rebondir les voicings et les phrases en single notes.
Sur un tempo up comme “The Berliner” le saxophoniste déroule des phrases limpides et souples à la fois.
“Free Again” est un morceau dans lequel le sax a un son un peu plus rugueux avec des phrases rugueuses.
La collaboration ne s’arrêtera pas là puisque en 1982 le sax et le trombone réalisent un autre album “One More Mem’ry”.
Album qu’il faut écouter est celui avec les deux trompettistes. “Time Speaks” commence par le saxophone ténor très lyrique qui est rejoint par les trompettes feutrées pour un climat de film policier.Le son de Benny est moins rond moins crépitant que dans les années 60 mais plus métallique. La technique reste cependant grandiose comme c’est le cas de la trompette dotée d’une technique exceptionnelle.
Le dernier morceau est comme si la musique était suspendue tant le trois temps est ressenti avec finesse.
En 1983, il réalise un album que j’ai dans ma collection un hommage à John Coltrane.
Le disque commence par le thème “This Is For You John”, dont les premières mesures ressemblent à “Inner Urge”, un thème d’un autre grand saxophoniste Joe Henderson.
La rythmique de Jack Dejohnette et la contrebasse de Ron Carter envoient une bonne pulse pour nos saxophonistes Benny Golson et Pharoah Sanders. Sur “Origin” les phrases sont démoniaques.
Le thème le plus spirituel ets une composition en trois temps intitulée “Times Past(This Is For You John)”. Le son est lumineux sur le thème “Vilia”.
En 1989, Benny signe chez Dreyfuss un disque enregistré en live où la sonorité moelleuse suave s’entend. Sur “Cup Bearers” le swing haletant propulse le saxophoniste vers les chemins du swing et des notes qui rebondissent.
Le dernier morceau est “Jam The Avenue” le morceau d’ouverture de l’album dédié à Coltrane mentionné plus haut.
Chez Dreyfuss, il réalisera de nouveau un super album en 1992 intitulé “Domingo” où il reprend notamment “A La Mode” des Jazz Messengers. Le saxophoniste est brûlant sur les phrases qu’il joue, le tromboniste Curtis Fuller présent sur la version originale joue lui aussi des phrases haletantes.
Comme illustration, je laisse un extrait d’un de ses derniers albums de 2008 “New Time New ‘Tet”. Al Jarreau est invité notamment à chanter “Whisper Not” au cours duquel sa voix feutrée s’immisce parmi les saxophones.
Benny Golson était un musicien qui avait à cœur de jouer un Jazz sophistiqué aux couleurs Bluesy, le Hard Bop une misique teinté de Blues au service de la mélodie.
Capable de lancer des flots de notes sur des tempos rapides, il était un grand sensible pour nous faire ressentir les émotions des ballades.

Morceau choisi “Jam The Avenue” version de 1989 sur le disque live publié chez Dreyfuss

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