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NOUVEAUTÉ ALBUM/TYRONE WASHINGTON/ NATURAL ESSENCE

Quelle chance est la notre de découvrir tant de trésors et pépites. Le musicien à qui l’on consacre cette chronique a certes réalisé peu de disques, mais ses projets sont de véritables œuvres d’art. Le saxophoniste Tyrone Washington est une étoile filante dans le Jazz. Le premier morceau portant le titre du disque s’inscrit dans le style Soul Jazz. Construit autour d’un pattern rythmique binaire, la structure est celle d’un Blues. Le saxophoniste improvise dans une fougue Coltranienne. S’appuyant sur l’accompagnement cool de la section rythmique, il prend le contre-pied pour se diriger vers les rives du Free. Le ténor s’enflamme la sonorité est puissante, l’intensité des notes vous emporte. La tornade sonore inspire le trompettiste Woody Shaw The Woody Shaw Institute of Global Arts. Kenny Barron prend un court solo. L’esprit est à la ballade sur la seconde plage intitulée « Yearning For Love ». Pour accompagner cette douce mélodie, le compositeur y insère des accords troublants. On y entend quelques 11 ème dièse qui rappellent « Inner Urge » de Joe Henderson. Le saxophoniste est tourmenté, son tourbillon sonore emporte avec lui la rythmique sur la voie du Swing à 2’39 où la croche devient la pulse. Accrochez votre ceinture, car le up-tempo de la troisième composition « Positive Path » décoiffe littéralement. Si le son du saxophoniste est peut être trop métallique, la technique est là. Woody Shaw est grandiose par la virtuosité mais surtout par ses phrases. L’alto de James Spaulding limpide lui aussi laisse la place à Kenny Barron magistral. Reggie Workman pose avec justesse chacune de ses notes de solo. La Soul revient avec « Soul Dance ». Avec ce thème on est en plein Jazz aux accents groovy à la Horace Silver. Le Blues vous enveloppe. Sur un rythme Sud Américain, les cuivres exposent la très belle mélodie intitulée « Ethos ». La flûte toute en douceur de James Spaulding vous apaise, la trompette explore les aiguës, les flots de notes sont très denses. On apprécie également la souplesse du jeu de Joe Chambers. Enfin la conclusion du disque est une improvisation qui caresse les frontières du Free Jazz. Cet album de 1967 est un grand disque de Hard Bop, rassemblant des solistes de grand talent inspirés tout au long de la session. Il faut dire que les six compositions ainsi que leurs arrangements sont de grande qualité. On sent chez ce saxophoniste l’influence de Wayne Shorter et de John Coltrane. Même si on met en avant deux petits bémols concernant le jeu du leader, à savoir une surchauffe du débit de notes et une sonorité trop rugueuse, cette session reste toutefois un grand moment du Jazz moderne.

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