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NOUVEAUTÉ ALBUM/ THE UNIQUE CONCERT

L’album que nous commentons porte bien son nom. En 1980, le pianiste Gordon Beck et son quartet composé du guitariste Allan Holdsworth, du contrebassiste Jean François Jenny Clark, d’Aldo Romano à la batterie, invitent le violoniste Didier Lockwood pour un concert inoubliable. Dès les premières secondes, la musique est une éruption sonore. Les arpèges de piano et le violon créent l’effet d’un tourbillon. Les flux de notes sont un ouragan. La virtuosité de Didier Lockwood et d’Allan Holdsworth est impressionnante. Les notes fusent dans tous les sens, sur un tempo binaire rapide. Une seconde partie de ce premier morceau « Flight » est très swing, au cours de laquelle la contrebasse déroule des notes bien rondes, amplifiées par les vibratos. Gordon Beck joue un solo très dense en voicings et en phrases. Au cours des dernières minutes, le violon et la guitare échangent des notes. La tension est présente, les flots de notes sont une lame de fond. Le morceau « Zebulon Dance » est une mélodie magnifique qui nous fait partir vers la Folk. Didier Lockwood sort des phrases émouvantes. Le solo de guitare est trop centré sur la virtuosité, et moins sur l’émotion. « Halfway House » commence avec douceur, l’espoir s’installe. Les notes de guitare et de violon se croisent. Le piano est très lyrique évoquant la fragilité. Le solo de guitare à 4’02 est une cascade de notes très rapides. La section rythmique montre sa grande maîtrise du son. Le guitariste Allan Holdsworth impressionne par la rapidité du phrasé. Gordon Beck allie séquences techniques et émotion. « Fast Travel » commence avec le violon traduisant la fragilité.Le piano soutient le violon, le climat est lunaire. Le thème est composé d’un flux de notes impressionnant, sur un tempo à grande vitesse. Le pianiste très be-bop enflamme l’ambiance. La contrebasse elle aussi roule à fond. Le violoniste commence tout seul le dernier morceau « Sunbird », d’abord en douceur puis développe des phrases rapides. Le thème est enthousiasmant, la joie et la convivialité se dégagent. La musique binaire est un calypso entraînant avec une batterie et une contrebasse souples. Le violon chante comme l’oiseau évoqué par le titre. Ce morceau final est une ode à la bonne humeur. Le son de la contrebasse croustille. Le concert donné le 1er novembre 1980 par ce quintet exceptionnel, donne l’occasion de découvrir le jeune magicien Didier Lockwood. Avec virtuosité et flux de notes ahurissants, le violoniste et le guitariste se font des joutes, comme le faisaient jadis, les jazzmen. La musique jouée est proche du Jazz Rock, dont l’apogée a eu lieu dans les années 70. Le regret que nous avons est que l’oeuvre de cette dream team se réduise à cette captation en concert.

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