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NOUVEAUTÉ ALBUM/ SYLVAIN BEUF/ TIME FEEL

Dès les premières secondes de ce très beau disque, me revint à l’esprit la première fois que j’entendis Sylvain Beuf, Sylvain Beuf – Saxophoniste – Compositeur au Sunset en 1996. Sa sonorité m’a tout de suite plu. Il jouait ce soir là en tant que sideman du quintet du vibraphoniste David Patrois. Son empreinte, son souffle au ténor comme à l’alto sont reconnaissables rapidement. En plus d’un charisme musical, la technique est au rendez vous. Entouré de l’orgue Hammond généreuse tenue par Damien Argentieri et du batteur Fabrice Moreau, le chemin stylistique pris par le trio est un régal absolu. L’ouverture par le morceau « Dear Peter », rappelle que si le grand maître Coltrane n’est jamais très loin, le saxophoniste Français a une présence et un son bien à lui. La version de « Stella by Starlight » montre aussi les talents d’arrangeur de Sylvain Beuf. « Billie’s Bounce » joué au soprano vous fera bouger avec un rythme binaire ternaire subtil. Les envolées de l’orgue sont parfois out pour notre plus grand plaisir. Le pianiste Tom Olivier-Beuf l’un des fils joue dans le groove. Le saxophoniste n’a pas peur de moderniser d’habiller les standards pour en faire des versions imaginatives. De multiples surprises rythmiques vous attendent avec le titre « Rekooche », au cours duquel le trio s’amuse de multiples variations en la matière. Les phrases à toute vitesse vous tiennent en haleine. Le drive du batteur sur les tempo rapides le rapproche de Jeff Tain Watts. Le lyrisme l’impression de fragilité est magnifiquement retranscrite par l’arrangement qui est fait du morceau « Yesterdays » signé Jérome Kern. La clave en 5 temps est très ingénieuse. Le groove s’administre en perfusion sur « Talking Drummer ». Si les trajectoires du sax sont toujours un plaisir, son second fils vous surprendra par ses étincelles de guitare. La Soul et le Blues explosifs vous feront bouger. Sur le morceau suivant, la mélancolie se dessine au fil des notes d’alto, soutenues par l’accordéon qui puise chaque note dans une émotion profonde. Le trois temps créé cet effet de suspension, la rythmique relate ce sentiment d’espoir ». « Summertime » qu’on connaît si bien est repris également avec originalité. L’interprétation est heureuse et groovy. « All The Things You Are » illustre le raffinement des arrangements, la variété du jeu de batterie et les ornementations sonores de l’orgue. Les liaisons entre les notes du sax sont d’une limpidité et douceur extrêmes. Vient ensuite une ballade en l’hommage à un très grand Monsieur du piano moderne McCoy Tyner. « For McCoy » est un clin d’oeil à toutes les harmonies que le pianiste a apportées au début des années 60 dans le quartet de Coltrane. « Speed Betty » est un thème captivant tant par le côté insolite du thème que ses tensions harmoniques. Sylvain Beuf fait sonner le saxophone comme un Be-Bopper de l’époque Avec un son majestueux, l’organiste déroule un discours sophistiqué empruntant au Hard Bop des années 60. Sans doute ce morceau à été écrit en ayant une pensée pour le morceau « Speedball » de Lee Morgan. « Solar » signé Miles Davis est joué avec audace. L’aisance du trio impressionne par les folies rythmiques. La poésie du thème « African Dreams » laisse le cours à des improvisations délicates. Entre ballades tempo up l’émotion est toujours là quelque soit le morceau et le style. L’album montre l’attachement du saxophoniste pour la tradition en y apportant sa touche personnelle imbibée de modernité.

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