C’est un joli disque qui nous est envoyé et que nous découvrons piste après piste. Ce disque est le cinquième album du guitariste Samuel Bonnet.
Jouant dans un style manouche, cet artiste Franco Israélien nous interpelle par sa sonorité à la fois franche et enveloppée.
Ce disque intitulé « Hybride » commence par un thème en trois temps, débordant d’entrain et de joie.
Les vibratos de contrebasse sont un délice et les phrases du guitariste sont guidées par la recherche de mélodie. En croches et souvent en legato le jeu est très séduisant. La contrebasse déroule un solo qui gronde avec délicatesse. Au milieu des deux, le batteur est très discret mais présent. On note le penchant du guitariste pour les ponctuations d’accords pendant l’improvisation.
La seconde plage de cet album est le morceau composé par Dizzy Gillespie « Night In Tunisia ». L’exposé du thème est tout en sobriété mais avant, la tourne de basse sur un cycle de quatre mesures sert d’introduction.
Ce qui frappe est la précision du guitariste pendant ses interventions en solo.
On aime les tournures bluesy qu’il arrive à atteindre pendant ces deux grilles d’improvisation.
Samuel Bonnet propose ensuite un voyage vers le monde Arabo Andalous par une mélodie Flamenco pour ce troisième morceau intitulé « Hava Nagila ». La ligne mélodique est servie par les crépitements de batterie et les notes de contrebasse. En fin de thème, les arpèges sonnent assez Brésilien, avant que la contrebasse ne se lance dans un solo intense par ses cascades de notes.
Toujours articulé et limpide, le guitariste ne se lance pas dans des séquences virtuoses, mais essaie de conserver à l’esprit cette flamme mélodique. Cette dernière séquence à 6’04, exprime nostalgie et regrets. Prolongeant la thématique de l’éphémère et du fragile, le guitariste et ses compagnons jouent une composition originale intitulée « Imaginary Changes », que la contrebasse célèbre par un solo aux notes puissantes et dynamiques. Le leader tourbillonne d’arpèges aussi délicats qu’oniriques.
Le thème « Nardis » est repris avec beaucoup d’inventivité car le trio propose une version aux réharmonisations multiples. La contrebasse lance le thème à l’archet ce qui amplifie le thème de son aspect mystérieux. Sans technique ébouriffante, le guitariste nous emmène sur ses chemins mélodiques. La contrebasse occupe bien cet espace sonore lorsqu’elle s’aventure en solo.
Toujours sur la voie de la réharmonisation, Samuel Bonnet propose aussi une modification de la métrique de ce standard ‘Beautiful Love ». La contrebasse est impressionnante sur le plan de la fluidité et de la technique.
Les solo de guitare ensoleille le paysage sonore par des escapades de notes qui interpellent. Le trio donne la sensation d’offrir des improvisations collectives. Le batteur finit par improviser sur une tourne commune de basse et de batterie
Avec un vrai travail de recherche au niveau des accords et des rythmes, un tel disque ne s’entend pas tous les jours.
Toujours rayonnant, le guitariste propose une relecture du standard « On Green Dolphin Street » qui surprend encore.
Attaché aux voicings qui sont murmurés, la guitare rhabille les thèmes dans lesquels la contrebasse aime se faufiler avec des phrases chaleureuses.
La guitare est brute et vraie sans fioritures et verbiage quelconque.
Cet album de Samuel Bonnet est une belle découverte, tant le jeu de guitare est en retenue, sobre, coloré et varié.