Post Jazz

NOUVEAUTÉ ALBUM/ RON MILES

RON MILES/ RAINBOW SIGN

Le trompettiste américain publie sur le label Blue Note, un album aux confins de l’étrange et du mystère. Avec une équipe prestigieuse, sa musique surprend. Sur « Like Those Who Dream », le groupe donne la sensation d’étirer le temps avec une ambiance Free. Les dissonances sont belles. La contrebasse et le piano, ont des accentuations bluesy assez nettes. La guitare de Bill Frisell magique crée une sensation de vide. La trompette maîtrise ses envolées, tout comme la section rythmique fait preuve de retenue. Bill Frisell joue sans plans, avec une grande spontanéité. Chaque musicien joue avec une grande liberté, tant la section rythmique que les solistes. La musique crée une sensation d’apesanteur. Le groove contenu sur « Queen of The South » enrobe cette mélodie qui prend son envol. La trompette est soutenue par des accords magnifiques de guitare, et une frappe sur la caisse claire, croustillante. Le groupe joue avec un sens grand sens des nuances, comme on peut l’écouter sur « Average ». La mélodie romantique laisse la place à des solos qui élèvent, à l’image de la contrebasse qui tisse un magnifique solo. Thème et improvisations, sont le fruit d’un degré d’écoute exceptionnelle entre les musiciens, qui créent sur l’instant. La composition « Rainbow Sign » montre toute la sobriété de ce quintet qui joue un swing léger. La trompette joue avec enthousiasme, un thème aux articulations intrigantes. Jason Morgan mélange motifs be-bop, et élans bluesy. Bill Frisell amène un climat Folk d’une grande douceur, avec ses voicings limpides sur le morceau « The Rumour ». Le groove sobre et minimaliste de « Customer of The New » porte l’espoir, et monte en intensité au fil du morceau. « This Old Man » laisse entendre cette interaction entre musiciens et les variations rythmiques absolument fascinantes. La contrebasse soutenue par les arpèges de piano lance un très beau solo. Le morceau « Binder » est une mélodie aux articulations chromatiques, puisant dans le Be-Bop. Bill Frisell joue sans virtuosité, mais se renouvelle sans cesse. Son approche créative est similaire à celle John Scofield, même si le style n’est pas le même. Le piano joue sans forcer avec un jeu léger et des envolées contrôlées. La contrebasse swingue avec chaleur. L’album se clôture sur une composition Folk « A kind Word », qui commence par un motif discret de piano et des notes cristallines de guitare. La trompette aérienne nous séduit. La tension monte au cours des deux dernières minutes, entre la trompette et la guitare. Ron Miles et ses sidemen se comprennent à merveille. Aux confins du Blues de la Folk et du Be-Bop, le degré d’écoute mutuelle est si élevé, que l’interaction des musiciens sur le plan harmonique et rythmique, nous fait vivre une aventure unique. Si le Jazz est l’art de créer dans l’instant, il est clair que ce quartet en est une parfaite illustration, tant son jeu est spontané.

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