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NOUVEAUTÉ ALBUM/ RAPHAEL IMBERT/ORAISON

Il y a plus de vingt ans, je découvris Raphaël Imbert et son ensemble le Nine Spirit. J’avais été séduit par les compositions originales où saxophone et piano se mêlaient à merveille à la voix. Sa musique recouvrait déjà une dimension spirituelle. Avec ce dernier opus « Oraison », le saxophoniste est toujours en quête de transcendance. Entre apaisement et séquences fulgurantes qui s’inscrivent dans la lignée Coltranienne, Raphaël Imbert propose des compositions au croisement entre musique classique, Jazz moderne qui touche parfois le Free. Jouant du ténor de l’alto et du soprano, le saxophoniste nous emmène en voyage à travers des ambiances tantôt sombres, tantôt lumineuses. Après une introduction sombre pleine de lyrisme, au cours de laquelle le saxophoniste fait pleurer son instrument, la composition « Oraison » jouée au soprano traduit la noirceur de l’âme. L’ambiance est lourde à l’image des notes de contrebasse sur un tempo lent. Le morceau « 1851 » nous fait voyager de Monk à Ornette Coleman. La dissonance de la quarte augmentée que garde le piano, la nervosité du jeu de saxophone et la fougue de la batterie, nous emmènent vers un Jazz Free. Le morceau « Straben des Gedenkens » est en contraste avec le titre d’ouverture. L’énergie arrive au fur et à mesure, l’optimisme aussi. Le jeu de Mourad Benhamou varié, vivant, original permet au pianiste de s’échapper vers des phrases aux flots importants. Le thème « L’Atlantique » nous fait ressentir la nostalgie. Les vagues de l’Océan sont traduites avec justesse par la batterie. La rythmique s’engage vers la Bossa et peu à peu la lumière apparaît. Le sax ténor s’emballe au fil de ce morceau qui devient plutôt joyeux. L’ambiance tourmentée se réinvite sur « Oraison Belliqueuse ». Le calme s’installe les silences apparaissent sur la composition « Chant de Bataille ». Le piano joue deux voicings en boucle. Malgré le tempo up sur « Ode à Odde Auguste », la contrebasse et la batterie jouent avec énergie mais retenue, tandis que le soprano s’envole. Le contrebassiste Pierre Fenichel introduit « L’ espace des Feux », où s’ajoutent les accords de piano et cette sensation de profondeur. La sensibilité et la finesse caractérisent ce morceau comme le disque dans sa globalité. La fusion entre le pianiste Vincent Lafont et Mourad Benhamou est captivante. Le thème « Malo’s Sunset » est poignant, émouvant et montre une fois de plus que Raphaël Imbert a un sens aigu de la mélodie. Sa grande connaissance de l’Histoire du Jazz transparaît à l’écoute de ce beau projet, qui suscitera chez vous beaucoup d’émotions !

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