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NOUVEAUTE ALBUM/ PIERRICK PEDRON/ FIFTY FIFTY

Pour ses 50 ans, le saxophoniste Français réalise un projet déconcertant sur le plan esthétique. Si on écoute les deux premières compositions, Pierrick Pédron tient un discours très moderne. Le son se rapprocherait d’Éric Dolphy, dont le jeu aux nombreuses tensions harmoniques et rythmiques sont caractéristiques du Free. Le pianiste Sullivan Fortner atteint une grande originalité sur le premier morceau intitulé « Bullet T ». Sur un thème très chromatique, il a une approche déstructurée tout comme le saxophoniste. Au cours du morceau « Sakura », on ressent de l’apaisement. Larry Grenadier à la contrebasse et Marcus Gilmore à la batterie, accompagnent l’altiste tout en douceur. Les dissonances Monkiennes s’invitent sur le titre suivant intitulé « Boom ». Les arpèges de piano renferment une grande part de mystère en introduction de »Trevise ». Les envolées à l’alto sont puissantes. Les trajectoires des thèmes, Pierrick Pedron les conçoit de façon tortueuse. Sur « Unknown 2″, le piano garde pour son improvisation le côté baroque du thème. Les quelques notes de saxophone en introduction d' »Origami » nous plongent dans un climat tourmenté sombre et trouble, que le pianiste Sullivan Fortner met bien en lumière. En plus du jeu imprévisible de la rythmique, Pierrick Pédron va chercher des intervalles et des sonorités peu répandues. Aussi surprenante, la composition « Mr Takagi » truffée de tensions sur fond de swing, interpelle par les nombreuses surprises rythmiques et mélodiques. La composition de clôture débute par un dialogue intime entre la contrebasse et l’alto. En toute délicatesse, la batterie et les accords de piano se joignent à eux. Avec ce disque « Fifty Fifty », le saxophoniste Français montre toute son aisance en compagnie de ces grands sidemen Américains. Explorations harmoniques, prises de risque rythmique, tel est le scénario de cet enregistrement très réussi.

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