PETER BERNSTEIN/ WHAT COMES NEXT
Héritier des grands guitaristes comme Tal Farlow Barney Kessel, Peter Bernstein étudia le Jazz avec entre autres Kenny Barron et Jim Hall. Sideman sur une centaine d’albums, il est aussi leader sur de nombreux projets. Le guitariste Americain a enregistré ce disque « What Comes Next » au mois de Juin 2020 sur le label Smoke Sessions Records, dans les conditions du live, mais sans public. Le thème « Simple as That » très bluesy au tempo cool laisse le guitariste explorer des intervalles intéressants tout en les ponctuant de Blues. Le pianiste Sullivan Fortner a un jeu intéressant discret sans technique. La contrebasse est également sobre. Le titre éponyme « What Comes Next » est une valse comme je les affectionne. La mélodie a quelques pointes de mélancolie. Les idées mélodiques fusent, avec en fond un drive de batterie léger et toute en retenue. Les placements rythmiques nous tiennent en haleine. Le guitariste reprend une de ses compositions « Empty Streets », une ballade me rappellant les raffinements harmoniques de Wayne Shorter sur « Infant Eyes ». Le solo de piano laisse une part de mystère. C’est avec « Harbor No Illusions » morceau up swing qu’on s’envole. Le jeu de batterie évoque par moments Jimmy Cobb, le pianiste s’elance dans des phrases limpides avec des mises en place subtiles. Cet album est savoureux titre après titre. « Dance in Your Blood » sur un tempo binaire évoque un horizon lumineux qui se dessine, comme un voile qui s’estompe. Le toucher de la guitare est toujours très doux. Magnifique reprise du standard « We’ll Be Toghether Again ». Tous les amateurs de guitare Jazz ont à l’esprit la version d’anthologie de Pat Martino en duo avec Gil Goldstein, en 1976. Avec cette nouvelle version, le tempo se dédouble, les phrases de guitare sont moins impressionnantes mais jouées avec un feeling blues. Le guitariste rend hommage à Dizzy Gillespie avec une version de « Con Alma ». Entre rythme latin et swing, un grand enthousiasme se dégage, comme sur le calypso « Newark News » signé Sonny Rollins, qui clôture ce disque dans la joie. On savourera aussi le morceau « Blood Wolf Moon Blues » dont le motif est proche de « Bag’s Groove » autre blues écrit par Milt Jackson. Les solo de guitare regorge de phrases mélodiques aux intervalles originaux. Le pianiste est quelquefois proche du style Monkien. Le guitariste explore la modernité tout en restant fidèle à l’esprit Blues; telle est la formule magique de Smoke Sessions Records.