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NOUVEAUTÉ ALBUM/ MONTY ALEXANDER/ THE MONTREUX YEARS

Le pianiste natif de la Jamaïque est un prodige. Rien n’est inaccessible pour ce Jazzman sachant jouer tous les styles surtout le Be-Bop et les standards. Pouvant jouer stride et Ragtime, il peut dérouler de longues phrases techniques plus modernes et articulées à la perfection.

Vient de sortir une compilation des meilleurs enregistrements de ses concerts au Festival de Montreux.

Sur le premier thème « The Serpent » on entend les accords plaqués avec puissance.

Ce morceau joué en piano solo est pris sur un rythme swing endiablé. Sur ce blues mineur, Monty Alexander a un jeu très percussif et combine très facilement accords et arpèges. La main gauche solide et précise lance le thème Bluesy.

Cette compilation contient une grande majorité de compositions personnelles et quelques reprises comme « Work Song » grand titre du Soul Jazz signé Nat Adderley.

La contrebasse se lance la première sur les chemins du Blues, avant que le piano ne la rejoigne. Le plaisir de jouer et de swinguer s’entend à chaque note et chaque accord plaqué.

Les artisans de la compilation savent que le pianiste affectionne Bob Marley car figurent les morceaux « No Woman No Cry » et « Get Up Stand Up ». Monty célèbre ces deux mélodies devenues des standards, par un exposé sans fioritures et une improvisation mélodieuse et groovy.

Il écrira « A Nod To Bob » morceau présent sur le disque. La cocotte de guitare accentue le groove incroyable du pianiste.

« Hurricane Come And Gone » commence par un grand moment de calme avant que la rythmique ne s’enflamme et que la guitare au son overdrive ne rugisse. Le sax ténor sort de belles phrases incisives et swing à la fois.

« Night Mist Blues » est l’ambiance piano bar par excellence. Accompagné par une batterie qui joue sur la discrétion et une contrebasse suave, Monty Alexander joue avec feeling.

« Linstead Market » diffuse la bonne humeur. Sur un rythme calypso, le pianiste nous fait bouger au fil de ses notes.

L’emotion ultime est sans doute « Cryin » au cours duquel le trémolo de piano évoque la douleur et la peine. La mélodie traduisant la souffrance emprunte les accents de « Black Orpheus » pour devenir plus optimiste et plus entraînante.

Le pianiste nous livre un médium Swing avec « Renewal » au cours duquel son improvisation illustre toute la palette de sa technique et de son feeling. La fougue s’entend avec le dédoublement du tempo à 5’13.

Hommage à Quincy Jones avec la reprise de son thème The Pawnbroker » au cours duquel le pianiste émeut par son jeu de voicings et par son envol de notes notamment à 3’57. La rythmique est sobre et discrète pour bien mettre en valeur ce jeu de piano qui émeut.

Ces morceaux choisis de ce « Montreux Years » illustre à merveille l’empreinte du pianiste. Fortement ancré dans le Blues Monty ne manque pas de faire groover les notes et de nous faire bouger. Il nous touche aussi par ses phrases mélodiques emplies d’émotion sur des séquences plus apaisantes.

Monty Alexander est un grand interprète un amoureux de la musique qui ne la voit pas cloisonnée mais au contraire comme un espace où les styles peuvent se nourrir les uns les autres. L’alliance du Jazz au Reggae de son pays natal est une de ses empreintes stylistiques.

Si ce pianiste est un grand interprète, il est aussi un grand improvisateur par la variété de ses idées mélodiques et de ses rythmes qui nous ensorcèle.

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