Le guitariste Norvégien publie un album dont les couleurs sont proches de celui qui est une de ses principales sources d’influence, Pat Metheny. Les accords de piano lourds et sombres enrobent le thème grave « Hard Eights » joué en polyrythmie. Lage Lund s’élance en solo à partir d’un motif blues très émouvant à 3’34. Affectionnant la polyrythmie on l’entend aussi sur le titre suivant « Aquanaut », au cours duquel le batteur Tyshawn Sorey s’exprime avec intensité. Cette composition fait ressentir la profondeur et l’espace de la musique. Plus loin dans le disque, le guitariste explore les climats sonores mystérieux à l’image du thème « Suppressions ». Le pianiste Sullivan Fortner installe avec ses voicings un climat particulier. La musique est calme et plus mélodique comme on l’entend sur « Haïtian Ballad ». « Brasilia » est un rayon de soleil sonore. Larry Grenadier qu’on connaît comme étant plutôt discret à la contrebasse, déroule un solo clair et mélodieux sur « Take it Eas ». Un morceau plus long comme « Suppressions » est moins mélodieux mais l’ambiance est insolite. Les arpèges de piano apportent du trouble. La modernité des phrases de guitare montrent que Lage Lund est un innovateur. Sullivan Fortner est également en quête de nouvelles voies, la contrebasse est très dense sur l’accompagnement. Le climat du morceau final « We are There Yet » est à la fois dynamique et apaisant. En plus du style très personnel du piano, la guitare s’envole dans un solo mettant la technique au service de l’émotion. Lage Lund ce technicien de la six cordes rappelle l’univers sonore de Pat Metheny. Comme souvent, il est difficile de s’affranchir du poids des influences. Le guitariste use souvent d’effets comme la distorsion et la reverb, ce qui donne à sa musique des touches étranges et mystérieuses. Avec cet album publié chez Criss Cross, le quartet par son jeu émouvant, nous donne la possibilité de nous évader !