Post Jazz

NOUVEAUTÉ ALBUM/ JULIEN LOURAU/ POWER OF SOUL

Le saxophoniste Français aime l’éclectisme. Naviguant d’un horizon à l’autre, Julien Lourau part du côté de l’Electro, revient au Jazz acoustique et s’évade vers la fusion. Avec ce nouveau projet, le Jazzman Français revisite avec subtilité et originalité les grands morceaux du label CTI, créé par l’ancien producteur de Verve, Creed Taylor. Ce dernier a ouvert la voie à un Jazz Cool plus accessible. Les arrangements de velours amplifient la sensualité de cette musique. Le saxophoniste et le tromboniste Mathieu Debordes ont écrit à leur tour des arrangements pour ce projet de reprises. Entouré de claviers et d’une basse qui ne manquent jamais de groover, le saxophoniste nous emmène sur le chemin de l’émotion avec ses impro et sa sonorité. Le groupe démarre par le morceau « People Make The World Go Round ». Les claviers de Leo Jasset et d’Arnaud Roulin ainsi que la basse installent de la sensualité, le saxophone nous joue quelques pointes bluesy à la David Sanborn. Sur un tempo plus punchy au rythme binaire bien accentué, les cuivres exposent ce thème aux accents quelque peu orientaux. La sonorité du saxophoniste au soprano est aérienne, avec une tension sonore et harmonique en gradation tout au long du morceau. Les moogs du clavier s’inscrivent bien dans le psychédélisme de l’époque. Le clavier gronde, tandis que la cocotte de guitare de BOJAN Z qu’on entendait jusque là au piano ronronne. Pour ceux qui l’avaient oublié le label CTI est précurseur dans le genre du Smooth Jazz. La reprise de deux compositions de Bob James l’illustrent à merveille. « Westchester Lady » commence par cette ligne de basse lourde et ses vamps de clavier suivis d’un motif mineur. Les sons des claviers électriques en fond du solo de saxophone donne l’impression que le son s’effondre. Sur « Piece of Mind » signé également du pianiste Américain, le soprano donne la sensation de méditer, voire de s’envoler. Le piano chromatique suave joue totalement dans l’esprit de l’époque. Le guitar héro Jimi Hendrix est mis à l’honneur avec une reprise déjantée et puissante de « Power Of Soul ». La basse tenue par Sylvain Daniel installe le climat, pendant que la guitare et les claviers font monter la température. Les sonorités électriques au sens figuré le deviennent vraiment avec les effets. La suite est plus reposante à l’écoute de l’interprétation épurée de la chanson « Don’t Mess With Mr T », une mélodie pleine d’émotion de blues et de nostalgie écrite par Marvin Gaye, qui fut l’objet d’une magnifique version par Stanley Turrentine au début des années 70. La reprise de « Red Clay » de Freddie Hubbard démarre progressivement. Sur une tourne de batterie nerveuse, le thème dans cette continuité énergique donne la possibilité au saxophone de s’évader. « Firebird » autre thème du trompettiste, est un thème de suspense et d’angoisse. Les effets électroniques utilisés ainsi que les flots de notes denses alourdissent le climat. Le solo de batterie de Jim Hart constitue l’apothéose de cette tension avant que le piano et le saxophone ne reprennent le thème. Le thème suivant « In The Beginning » composé par Clare Fischer a une esthétique au confluent du Jazz Post Bop. Les intervalles entre les notes de cette mélodie révèlent une approche moderne. A 4’23, la section rythmique part tranquillement sur le chemin du swing pour que le sax déroule ses phrases aérées et souples. Pour clore ce projet, le saxophoniste choisit un morceau Soul et Rythm n’ Blues. « Love and Peace » vous procurera de l’énergie et de la bonne humeur notamment avec ses nappes de clavier et ses toiles de cuivres. Julien Lourau réussit cette démarche difficile de concilier la musique accessible dans un projet aux arrangements ingénieux et originaux!

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