Le batteur Jonathan Blake entouré d’un quintet étincelant, nous propose un Jazz Hard Bop où le swing est au service de la mélodie. Dès le premier titre, on est saisi par la frappe sèche et subtile, qui soutient les phrases de l’alto saxophone joué par Immanuel Wilkins. Le drive de batterie rappelle un peu la frappe de Jeff « Tain » Watts, qu’on entend lors du premier morceau intitulé « Passage ». Le rythme binaire alterne avec un rythme ternaire au cours de quelques séquences.
Le batteur écrit aussi des thèmes lumineux comme « Muna’s And John’s Playtime ».
Sur fond d’arpèges au piano acoustique, on entend un motif de basse en boucle. Le saxophone et le vibraphone jouent une ligne mélodique poétique sur un tempo binaire punchy. L’alto donne la sensation de lévitation tant la sonorité est d’une grande finesse.
Le clavier électrique déroule un moog exprimant la profondeur dans laquelle s’installe un dialogue entre le clavier et l’alto.
Ces improvisations croisées restent harmonieuses. Le vibraphone monte en intensité tout au long de l’improvisation. Calme au départ, vous serez emporté par sa fougue qui emmène avec lui le batteur.
Ce dernier aime les différents climats rythmiques. « Tiempos » est un morceau sur un rythme latin de style mambo. Le piano de David Virelles reste cool tout au long de cette séquence. Le groove de « Groundhog Day » inspire les solistes qui combinent les phrases bluesy et chromatiques. La ligne mélodique dégage une belle énergie.
Sur « Tears I Cannot Hide », on entend le saxophone et sa sonorité à la Kenny Garrett qui expose ce thème apaisant, évoquant le romantisme et l’élégance.
Le contrebassiste Dezron Douglas prend un joli solo tout en discrétion. C’est lui qui introduit le titre suivant intitulé « A Slight Taste », un thème sur lequel vous bougerez sans aucun doute. Le clavier électrique envoie de belles nappes, la contrebasse tapisse avec discrétion, pendant que l’alto cherche des directions intéressantes. Les ponctuations du batteur sur ce rythme binaire ternaire montrent la variation dont il fait preuve.
Le vibraphone de Joel Ross envoie des phrases bien construites et pertinentes, du point de vue de la trajectoire mélodique. Le clavier électrique et ce son si particulier donnent une ambiance aérienne.
La douceur et l’intimité se ressentent quand on écoute cette mélodie poignante intitulée « Out Slight Out Of Mind ». Les instruments déroulent des phrases qui séduisent.
Le batteur clôture son album par « West Berkeley Steet », lance un morceau dans l’esprit de « Strasbourg Saint Denis », composition de Roy Hargrove en 2007.
Jonathan Blake conserve ce groove et l’insuffle à ses sidemen. Le saxophoniste expose cette mélodie lumineuse qui rayonne.
Le pianiste glisse des phrases Jazz entre la contrebasse et la batterie. Vers la fin du morceau, le sax et le vibraphone échangent quelques motifs dans un climat très festif
Le batteur ayant accompagné plusieurs grands jazzmen comme Kenny Barron réalise un très beau disque, où les thèmes sont mélodieux, quelque soit le rythme swing ou groove funk. À l’heure où la plupart des thèmes sont plus souvent techniques que mélodiques l’album « Passage » est la preuve, que des artistes inspirés peuvent présenter des projets émouvants qui font ressentir des choses.