Le saxophoniste né en 1928 est une figure importante du ténor pour le Be-Bop des années 50. Il aura également une place importante dans la période Hard Bop qui arriva par la suite. Nous avions découvert Harold Land sur l’album majeur intitulé « Clifford Brown and Max Roach », publié en 1954 chez Emarcy. Tout de suite, ce quintet vous entraîne avec un thème intitulé « Vendetta » au tempo ardu. Vous entendrez de suite la sonorité métallique de ce ténor, proche de Sonny Rollins, jouant des phrases solides faisant penser à Johnny Griffin. La trompette est tenue par Carmell Jones, musicien trop méconnu qui fait pourtant partie des grands jazzmen comme Donal Byrd, Freddie Hubbard ou Lee Morgan. Derrière les cuivres, le couple contrebasse batterie déroule un swing crépitant très entraînant. Le pianiste Buddy Montgomery dévoile son jeu influencé par les grands maîtres du Be-Bop. Sur « Beep Durple », thème à la structure classique en 32 mesures, vous savourerez la sonorité lumineuse du trompettiste Carmell Jones. Le thème « Happily Dancing » enjoué est une valse en trois temps dont la structure est assez particulière. Le premier A fait 16 mesures mais sur le second, on entend 17 mesures, avant de passer au pont qui fait 14 mesures. Seul le dernier A de 16 mesures est classique. La sonorité de Harold Land puissante influencera des saxophonistes comme Joe Henderson. Pendant le solo de saxophone, on entend bien les noires pointées du contrebassiste Monk Montgomery. Le trompettiste plus en finesse laisse échapper quelques envolées Bluesy. Bien que le pianiste Buddy Montgomery joue sans virtuosité son swing est bien chaleureux. Le groupe livre un Blues chaleureux « Triplin’ The Groove » au cours duquel sur un swing généreux, le saxophoniste n’hésite pas à mélanger les pentatoniques aux chromatismes Be-Bop. « Beau-Ty » a quelques accents orientaux rappelant « Night in Tunisia » écrit par Gillespie, où rythme binaire et ternaire se déroulent à tour de rôle. En plus de ces magnifiques compositions au carrefour du Be-Bop et du Hard Bop, Harold Land choisit quatre reprises. Il s’agit plutôt de morceaux cools comme « My Romance » avec des balais croustillants, « Autumn Leaves », la balade « Who Can I Turn To » . Le thème de Dizzy « Blue n’ Boogie » est exposé par les cuivres et la rythmique sur un tempo de folie. Le seul à prendre un solo est le batteur Philly Joe Jones. Ces prises live inédites du saxophoniste datant de 1962, sont une pépite de plus dans cette collection inépuisable d’enregistrements au cours desquelles, les improvisations fleurissaient sans cesse! Lorsque des musiciens aussi prestigieux se retrouvent ensemble, l’écoute ne peut être qu’extatique!