FAY CLAASSEN DAVID LINX/ AND STILL WE SING/
Cet album réunit peut être les vocalistes les plus élégants de la scène Jazz Européenne. La chanteuse Hollandaise Fay Claassen et le chanteur compositeur David Linx se retrouvent pour un sommet de Jazz Vocal. Accompagnés du WDR Big Band, les voix sont enrobées d’arrangements de cuivres énergiques denses et d’une précision extrême. Le duo nous émerveille au fil des dix titres. L’ouverture du disque avec « Sum It Up » est absolument éblouissante, où après des nappes de cuivres puissantes, les deux artistes placent la technique vocale à un niveau élevé. Les débits de paroles en mode slam mélangés aux interventions de la section de cuivres sont d’une grande modernité. La densité des interventions du Big Band accroît l’intensité du morceau. Plus trouble et plus triste est la ballade qui suit, « Along Goes Betty ». La fusion des voix est toujours aussi magnififique, d’autant que la flûte est aérienne. Les agencements des différents instruments révèlent un travail d’orfèvre de la part du chef d’orchestre Magnus Lindgren Music de Bob Mintzer et d’autres. Les élans blues donnent le frisson tout comme la tenue des cuivres sur les dernières mesures. Les arpèges de piano auxquels s’ajoutent les éclats sonores de cuivres nous font entrer dans un univers onirique. La chanteuse commence toute seule le morceau « Waterfalls » pendant dix mesures, avant d’être rejointe par son partenaire. Les envolées des deux voix très émouvantes donnent lieu au solo de saxophone ténor enflammé. La chanteuse montre qu’elle groove en toute décontraction, comme on l’entend sur « Good Times ». Le saxophone alto léger et véloce se promène sur ce rythme en trois temps. La joie ressort de ce morceau qui transmet beaucoup d’euphorie. C’est au tour de David Linx de s’exprimer en solo sur « Tackle and Dabble », un morceau au rythme binaire bien marqué. Il entonne une mélodie dynamique à la tonalité nostalgique et scatte même sur des motifs orientaux. La trompette lance un solo avec des pointes hispanisantes. Une des reprises du disque est « In A sentimental Mood » aux arrangements sombres et Bluesy. Le soprano nous rappelle la version intemporelle de Duke en compagnie de John Coltrane. Le solo exprime la nostalgie et une certaine fragilité. Fay Clayssen lance des vibes séduisantes. Après une intro de cuivres sur les chapeaux de roue, le tempo up-swing du Big Band sur « Feel Rhe Beat » stimule les deux artistes. Les improvisations croisées illustrent l’écoute mutuelle. Les harmonies évoquent le Jazz Modal des années 60 et les ambiances des morceaux comme « Inner Urge ». David Linx entonne en Français « J’me prépare » avec des mots délicats enveloppés par des nappes soyeuses. La flûte romantique se marie à la voix sensuelle du chanteur Belge, sur des arrangements qui sonnent Soul. « I Will Build Myself A Nation » donne l’occasion aux deux chanteurs de mettre la musique sous le signe de la classe et de l’élégance. Après une montée en puissance des deux voix, le piano déroule une improvisation aux phrases groove et Be-Bop. Les orchestrations toujours denses sont un vrai régal. David Linx lance des séquences Slam pendant que la chanteuse le suit en contrechant. Clôture dans le calme avec les voix de velours et cette ballade « Rebirth », un morceau qui par son esprit évoque le caractère éphémère des choses. L’intensité de ces deux magnifiques voix monte au fur et à mesure de cette chanson qui sert de final à ce projet « And Still We Sing » est un des grand albums de l’année 2021. Ce duo accompagné par l’un des plus grands Big Bands du Jazz, vient de réaliser un grand disque, que l’on réécoute sans se lasser! « And Still We Sing » paraît le 10 septembre prochain chez Jazzline.