J’aime ces situations comme c’est le cas pour notre disque du jour, un dialogue dont la prise de risques est intense et de tous les instants. En compagnie du pianiste Fred Hersch et de la contrebassiste Esperanza Spalding vous écouterez des séquences hautement émouvantes.
Si Esperanza est connue pour être une contrebassiste de qualité, elle n’est sur cet album que chanteuse est en dialogue intimiste avec le piano.
Pour cette session, la musicienne laisse de côté sa contrebasse pour n’être exclusivement que vocaliste. La configuration piano voix entraîne une prise de risques assez grande.
Le duo reprend cinq standards et propose trois compositions originales.
Commençant par le morceau « But Not For Me » de George Gershwin, l’album s’ouvre sur des accords magiques pour accompagner cette voix à la fois tendre et à la technique redoutable. Fred Hersch part dans une improvisation mélangeant accords solides et single notes fluides.
Sur « A Dream Of Monk » morceau construit sur une mélodie insolite aux multiples intervalles, Esperanza Spalding montre une grande maîtrise de sa voix et nous emmène vers l’étrange et le mystérieux. Le pianiste toujours en soutien, varie sans cesse les trajectoires que ça soit en voicings que dans les échappées mélodiques.
La version de « Little Suede Shoes » morceau de Charlie Parker est presque poétique tant les envolées vocales et pianistiques font voyager.
Séquence Soul Jazz ancrée dans le Swing avec la chanson « Girl Talk » du compositeur et arrangeur Neal Hefti, que la chanteuse déclame avec enthousiasme. Elle amuse l’assistance par moments son grain de voix est toujours gracieux sensuel et puise beaucoup dans le Blues alors que Fred Hersch propose un accompagnement des plus cools.
Le thème « Evidence » montre encore la technicité vocale d’Esperanza qui se trouve en écho des voicings de piano. Le pianiste s’immisce dans un chemin musical tout à fait intéressant plein d’intrigues et de surprises. L’improvisation vocale lumineuse reflète l’inventivité de la bassiste chanteuse.
Le pianiste caresse les touches pour une introduction romantique dans un esprit proche de Bill Evans.
Le standard Some Other Time » est interprété avec grande douceur. La voix et les accords nous enlacent. Cette voix nous emmène vers des sommets de sensibilité et d’émotion.
Avec le morceau « Loro » la chanteuse montre toute son aisance rythmique et mélodique sur le plan vocal.
La limpidité du phrasé impressionne tout comme le piano part seul dans une improvisation sur ce rythme mambo entraînant.
Pour conclure ce concert, quoi de mieux que de terminer sur une note romantique sur le morceau « A Wish » où le thème interprété à la voix avec seulement quelques accords de piano.
Ce duo piano voix est époustouflant tant les initiatives sont nombreuses. Entre voicings et phrases sophistiquées du piano et envolées lyriques de la chanteuse, ce live au Village Vanguard est grandissime sublime.
La spontanéité l’interaction tout y est pour un album qui frise le chef d’œuvre.