DAVE HOLLAND/ANOTHER LAND
Le contrebassiste réalise depuis des années des projets aussi divers que variés. A la tête de différents groupes, Dave Holland propose des thèmes souvent difficiles à exécuter qui s’articulent autour de rythmes complexes. Ce n’est pas la première fois que le contrebassiste joue avec le guitariste Kevin Eubanks. En 1990 Dave Holland enregistre « Extensions », un disque dans lequel il propose un florilège de rythmes et de métriques peu communes, en compagnie du guitariste et du saxophoniste Steve Coleman, friand lui aussi de mesures asymétriques. Ce trio avec Obed Calvaire à la batterie insuffle dès le début une bonne dose de groove, par les cocottes de Kevin Eubanks dans les graves. Le guitariste a le Funk et le groove en lui. Dave Holland lâche une partie de contrebasse fluide et aérée. Le solo de guitare avec la sonorité overdrive est d’un dynamisme grandiose. « Grave Walker » est explosif. La ligne de basse est mélancolique sur le second morceau avec un tissu d’arpèges de guitare acoustique très fin et une mélodie confectionnée soigneusement. On entendra quelques tirés de cordes bluesy un motif de contrebasse rappelant le premier mouvement de la suite « A Love Supreme ». « Gentle Warrior » nous plonge dans la profondeur d’ un mystère apaisant. L’optimisme et l’espoir se dessinent peu à peu. Dave Holland déroule encore des solos puissants. Le jeune Obed Calvaire a un jeu varié et surprenant. « 20 20 » démarre dans la noirceur. Le trouble s’installe au fil des arpèges de guitare. La contrebasse raconte une histoire toujours captivante. Le guitariste cherche les tensions et le lyrisme. Kevin Eubanks fait preuve de délicatesse avec ses accords et arpèges d’une grande finesse avec « Quiet Fire ». Avec l’énergie du rock et un groove à toute épreuve, le trio n’a pas fini de surprendre. La musique rentre en fusion. Avec « Mash Up » on déménage. Le jeu de guitare n’est pas très propre, mais les salves sont d’une grande spontanéité. La guitare cherche le point de rupture avec des accents Free et Rock. « Passing Time » est dans un total esprit Bluesy. Le guitariste chauffe l’ambiance en prenant des initiatives rythmiques. Sur le morceau « The Village » toute la fougue et la rage de Kevin Eubanks prennent l’espace. Les salves rugissent, l’esprit est bien au Rock. Quoi de mieux que de terminer par un morceau où le Blues nous accompagne du début jusqu’à la fin. Avec un rythme subtil et un groove tout en douceur le guitariste étire les notes insiste sur la blue note. Le style de Kevin Eubanks vous déplaira peut être mais son toucher brut proche de celui de Bluesmen est surprenant. Avec des phrases brûlantes, il est toujours à la limite du Free. Dave Holland ce géant de la contrebasse continue d’explorer sans cesse des chemins rythmiques mélodiques, avec des compagnons de route qui interagissent à merveille.