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NOUVEAUTÉ ALBUM/ CHICK COREA PLAYS/

Depuis 1966, le travail de Chick Corea foisonne de projets, avec différentes formations aux multiples styles, entre jazz acoustique et jazz fusion. A presque 80 ans, et avec plus d’une centaine de disques, ce pianiste est l’un des plus actifs. « Chick Corea Plays » est un voyage intimiste en piano solo, entre chefs-d’œuvre classiques et standards de Jazz. Ce double album commence par un adagio de Mozart empreint de mélancolie. Le toucher est clair et percussif, les legato sont un régal. Les notes sautillent lorsque le morceau devient plus joyeux. Le son est métallique et étincelant sur le standard « Someone to watch over me » de Gershwin. A 5’11 les phrases en notes simples sont hallucinantes de précision rythmique « Improvisation on Scarlatti » est un déroulé de phrases ciselées. Les renversements d’accords ont une part de noirceur sur le thème de Jérôme Kern « Yesterdays ». Chick Corea reprend le chef d’oeuvre de Bill Evans « Waltz for Debby ». Les phrases sont énergiques et très rythmiques. A 3’27 j’aime beaucoup les accents blues. En hommage à Antonio Carlos Jobim, la reprise de « Desafinado » est festive très entraînante, le toucher est puissant. Le « Prélude op 28 » de Chopin a beaucoup d’accents mélancoliques. Le Prélude de Scriabin est langoureux et beaucoup de lyrisme se dégage. C’est ensuite au tour de Thelonious Monk d’être célébré. « Pannonica » est un morceau épris de douceur, « Trinkle Trinkle » est un thème aux nombreuses dissonances et le blues « Blue Monk » est très cool. Chick rend ensuite hommage à son ami Stevie Wonder, et cette mélodie nostalgique « Past Time Paradise ». « The Yellow Nimbus » est une composition écrite pour Paco de Lucia le grand guitariste de Flamenco. Le thème est construit sur des motifs aux débits rythmiques élevés. L’ambiance fait ressortir la tristesse, les blessures. Le court morceau « Henrietta » est une improvisation pleine de douceur avec une mélodie très tendre L’improvisation « Chris » est plus nerveuse, les arpèges sont graves. Le premier accord à 0’44 m’évoque « Footprints » de Wayne Shorter. Le pianiste invite pour un moment très convivial deux spectateurs à venir faire la Jam avec lui. Le duo avec Yaron a des accents blues et orientaux, et l’on ressent la spontanéité. « Duet:Charles » est une improvisation très abstraite, la part de mystère est grande. Le concert se termine par une série de compositions écrites dans les années 70, intitulées « Children’s Songs ». « Children’s Song No 4 » repose sur un motif lancinant avec un côté sombre mis en évidence. La No 9 est plus optimiste. « Children’Song No 15 » est un tourbillon d’arpèges. La fin de Children’Song No 17 est très poétique. En toute intimité, Chick nous envoûte par sa sonorité magique, sa solidité rythmique, et nous impressionne par ses phrases toujours nouvelles. Seuls les grands peuvent s’immerger dans l’art du solo et nous procurer autant d’émotions.

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