En 1983, Chet Baker se produit en concert à la Défense et en 1984 au Petit Opportun. Ces représentation font l’objet d’une récente publication. Un trésor de plus est déniché.
Si le timbre de voix n’est pas parfait, la voix du trompettiste nous séduit, même si les soucis de justesse sont flagrants. Il prend une toute dimension quand il s’envole avec la trompette sur le premier titre « There Will Never Be Another You » un standard que Chet Baker connaît à merveille.
La contrebasse chaleureuse enveloppe la trompette à la sonorité langoureuse sur « Easy Leaving ». Si les voicings de piano de Michel Grailler sont discrets, les placements et leur variété montrent que le pianiste Français est un grand musicien.
Le souffle est fragile, la voix également, mais c’est un vrai plaisir d’entendre ces fêlures. Le swing sur « But Not For Me » galvanise Chet, qui prend le large, lorsqu’il pose les lèvres sur l’embouchure de son instrument.
Autre standard déroulé avec émotion et fragilité, « Stella By Starlight » où Michel Grailler plaque les accords à la Herbie Hancock.
À partir du morceau « Funk in Deep Freeze » composé par Hank Mobley, le pianiste impressionne par ses phrases ciselées et ses mises en place impeccables. Le trio prend le virage du Hard Bop. Les phrases de piano bien limpides sont d’une grande clarté. Chet balance des notes Blues avant de se lancer dans un joli solo enchanté, aux nombreuses respirations.
Voix peu précise, mais voix de gentleman tout de même, où l’interprétation chantée de « Just Friends » est suivie d’un scat aux innombrables croches.
Le morceau suivant intitulé « Arbor Way » est un thème Bossa qui dure près de vingt minutes. Le thème est joyeux et lumineux. Par ses phrases Chet entraîne le piano et la contrebasse sur le chemin du rythme.
Place ensuite à « Strollin » de Horace Silver et au Hard Bop dans toute sa splendeur. Il joua ce thème en 1983 sur l’album « Mr B ».
On savourera au cours de « Margerine » composé par le pianiste Hal Galper, le solo du contrebassiste qui bondit de notes en notes. « Lament » ballade écrite par Jay Jay Johnson est un grand moment de délicatesse.
Pour terminer sur la reprise de « Walkin' », le trompettiste n’est accompagné que de la contrebasse. À 2’15, le piano rentre pour ponctuer les solos tout en swing de Chet.
Ce trio développe en toute intimité de longues improvisations pour notre plus grand plaisir. Sans batterie, la contrebasse et le piano font swinguer avec délice le poète de la trompette.
Ces bandes inédites témoignent du plaisir de jouer car les musiciens font durer les morceaux avec délectation. Ces enregistrements sont édités chez Elemental.