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NOUVEAUTÉ ALBUM/ BILL FRISELL/ FOUR

Le guitariste Américain revient avec un répertoire qui va chercher dans les racines de la Folk et des traditionnels.

Entouré de jeunes musiciens de grand talent comme le pianiste Gerald Clayton, le batteur Jonathan Blake et le saxophoniste Gregory Tardy, Bill Frisell nous emmène vers des paysages sonores, dont lui seul a le secret.

Après un hommage court à un de ses amis « Dear Old Friend », le guitariste donne le ton de la Folk avec son thème « Claude Utley ».

Sur « The Pionneers », les arpèges de guitare se marient avec les accords de piano.

Magicien des nuances, le guitariste joue avec de multiples respirations. La douceur du saxophone, la maîtrise du son par le batteur, les voicings de piano créent quelque chose de chaleureux.

Le thème « Holiday » porte en lui le sens du mystère et de la curiosité que porte le guitariste. Malgré l’apparente déstructuration, tous les éléments s’enchaînent à merveille.

La suspension, la légèreté et l’emotion sont réunies sur la composition « Lookout For Hope ». La clarinette basse créé comme une enveloppe sonore qui réchauffe.

Le lyrisme du piano est grandiose sa maturité lumineuse. Les sonorités des quatre musiciens sont incroyables.

La composition « Monroe » est ressentie en 6/8. Le batteur laisse écouter les nuances de son jeu précis tout en finesse.

Autre introduction aux balais, celle de « Wise Woman », où les quelques notes qui s’échappent de la clarinette et de la guitare parviennent à une fusion de grande émotion. La mélodie laisse transparaître de la gravité sur un fond harmonique assez sombre.

Le Free s’invite sur « Blues From Before », un thème bien destructuré au cours duquel le quartet se lance en improvisation collective sans aller jusqu’à ce qui pourrait être vu comme du Free.

Gerald Clayton nous livre un moment pianistique rempli de tourments, de méandres dans lesquels se trouvent les musiciens avec leurs doutes et leurs questionnements. Ce morceau « Always » est fait d’abstractions et d’instabilité.

Bill Frisell aime naviguer entre univers sombres et choses plus légères comme on l’entend sur une reprise d’une ancienne composition « Good Dog, Happy Man » sur laquelle le climat est plus optimiste.

L’émotion est rendue par les motifs de tristesse sur le thème « Invisible ». Très doux, le saxophone de Greg Tardy se rapproche de celui de Charles Lloyd. Le batteur joue avec un feeling incroyable, tout comme le pianiste déroule des accords avec finesse.

Les torrents rythmiques traduisent la spontanéité de ces quatre artistes.

Sans contrebasse, cet album « Four » est une illustration de ce qu’aiment musiciens de Jazz, qui consiste à prendre encore plus de libertés et de risques dans la confection d’une musique basée exclusivement sur l’écoute réciproque l’improvisation instantanée et simultanée. Un voicing de guitare engendre un voicing de piano et inversement, des notes de saxophone provoquent un renversement précis à tel moment.

Si les rythmes ne sont pas entraînants, les harmonies, les timbres et les mises en place nous tiennent en haleine tout au long de l’écoute !

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