Le vibraphoniste Avignonnais qui collabore avec de nombreux jazzmen depuis des années publie cet album intitulé « Both Sides ».
Comme une sorte de voyage musical, Bernard Jean vous propose différents climats au moyen de compositions originales finement écrites.
Dès le premier morceau intitulé « Sans Attendre », on est plongés dans l’urgence. Le thème exprime la gravité et une certaine noirceur avec cet accord mineur qui se décline.Trompette, batterie, contrebasse tissent cette ambiance.
Le vibraphone surgit pour le plaisir de nos oreilles. Les flots de notes limpides intriguent déconcertent. La contrebasse solide ne bouge pas ce qui accentue le climat de tension. La trompette feutrée va chercher des accents Blues.
À 4’50 le motif de vibraphone laisse la place à l’espoir. Le motif de vibraphone des dernières secondes évoque pureté calme et apaisement.
Toujours binaire,le thème du second morceau « Belgodere » devient par séquences ternaire pour quelques mesures. Le contrebassiste Bernard Santacruz part le premier en solo pour nous conter une belle histoire. Les notes du vibraphone sortent avec clarté souvent dans des débits intenses.
Le trompettiste Fred Roudet possède une très belle sonorité. Il introduit le troisième morceau « A Pleasant Day » avec en fond, les voicings de vibraphone et les cymbales à la fois discrètes et étincelantes.
La contrebasse arrive pour que la trompette déroule un thème énigmatique.
Le groove stimule le trompettiste. La contrebasse et la batterie insufflent alors un groove en toute tranquillité pour le solo cristallin de Bernard Jean. Sur cette tourne rythmique, le groove est grandiose par la souplesse et la sobriété. Contrebasse et batterie explorent un autre climat, tandis que la trompette ponctue ces explorations.
Le morceau « On Both Sides » interprété par Laure Donnat au cours duquel Sebastien Texier pose les notes de clarinette et nous emmène vers les rythmes latins.
Tendresse, délicatesse et justesse définissent ce morceau « A Dream Of Peace », une mélodie qui respire la nostalgie. Les improvisations de clarinette et vibraphone se déploient toutes en douceur.
Enfin sur le morceau final, après une déclamation sensuelle de paroles, s’ensuit une ambiance pleine de mystères.
La clarinette de Sebastien Texier s’enflamme dans un dialogue avec la batterie de Samuel Silvant ou Gildas Etevenard. La voix installe un climat étrange. La contrebasse nous conte un solo qui exprime flou et tiraillements.
Le dernier mouvement en trois temps à 7’25 rime avec optimisme. Le drive souple et léger accompagne le vibraphone dans son improvisation pour conclure sur une séquence très énergique.
« On Both Sides » exprime la sobriété musicale.
Les musiciens réunis pour cette session explorent des tensions harmoniques et livrent aussi des passages plus cools. Le vibraphoniste parvient avec ses compositions, à réaliser l’alliance entre l’avant garde et des séquences plus classiques.
C’est là un bien bel album qui vous surprendra par ses couleurs, ses respirations et subtilités aussi bien mélodiques que rythmiques.