Les projets des frères Belmondo sont toujours ancrés dans l’histoire du Jazz moderne post Bop. C’est cela que j’aime dans les compositions de Lionel et Stéphane. Ils jouent et écrivent le Jazz avec à l’esprit, le souci de célébrer les artistes qui sont importants pour eux. Le titre « Wayne ‘Words » écrit pour Wayne Shorter est une ode à un des des derniers géants du saxophone. Avec ce trois temps énergique, on entend des salves de trompette Out et un batteur Tony Rabeson, proche par le jeu du géant Elvin Jones. Les envolées de Lionel au ténor évoquent ce maître tant sa sonorité s’en approche. Le morceau en hommage à Yusef Lateef « Yusef’sTree » commence comme une marche sombre et funeste, durant laquelle le contrebassiste Sylvain Romano esquisse des notes lourdes et rondes. Les accords de piano rentrent alors et le duo bugle sax dessine une mélodie grave et profonde. Lionel Belmondo est très Coltranien dans l’esprit. Son frère lui, joue en douceur et va chercher de nouveau quelques notes en dehors de l’harmonie. Quand Éric Legnini prend le solo, il entraîne avec lui le contrebassiste et le batteur vers un groove contenu. À l’écoute du morceau « Prétexte », on entend toutes les influences du Jazz Modal des années 1960. Sur des accords plaqués à la façon de Mcoy Tyner, le thème bluesy s’ancre une fois de plus dans le chemin tracé par John Coltrane. Le bugle est lui plus en finesse. La composition « Doxology » a des intonations orientales sur un tempo apaisant. Après un solo de Stéphane plutôt calme, le ténor apporte de la chaleur et dynamise la rythmique. Le soprano s’enflamme sur « Woody’n Us », la section rythmique monte en puissance. Le quintet joue une véritable ode à Bill Evans avec « Letters to Evans », un magnifique thème en trois temps, empreint de romantisme et de nostalgie. Le trompettiste et le saxophoniste s’effacent pour laisser la place au pianiste, qui fait preuve de poésie et de tendresse dans le jeu. Le titre « Sirius » est une mélodie simple mais profonde. Le saxophone s’élance dans une improvisation intense avant que le piano ne déroule des phrases groove. La clôture du disque est poignante avec la composition « Song For Dad ». Le bugliste qui a composé ce thème s’envole avec ses notes suaves. Cet album « Brotherhood » montre une fois de plus, que les deux frères originaires de Hyeres, sont enracinés dans la tradition du Jazz. Très influences par le Hard Bop, le Jazz qu’ils proposent est dynamique lumineux et émouvant. Ces cinq musiciens ont la classe et jouent avec beaucoup d’élégance.