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NOUVEAUTÉ ALBUM/ ARCHIE SHEPP JASON MORAN

ARCHIE SHEPP JASON MORAN/ LET MY PEOPLE GO

Le saxophoniste disciple de Coltrane, poursuit le dialogue qu’il entama près de 50 ans plus tôt, avec le pianiste Horace Parlan. De cette collaboration, seront enregistrés quelques disques édités chez Steeplechase, dont « Goin’Home ». Autrefois, autour des gospels spirituals et blues aujourd’hui, c’est autour d’un répertoire plus large qu’Archie Shepp, dialogue avec le pianiste Jason Moran. En plus de standards originels de la musique Afro Américaine, comme « Sometimes I Feel Like A Motherless Child », ou « Go Down Moses », le binôme dépouille d’autres trésors comme le répertoire de Duke Ellington et Billy Strayhorn, Monk, sans oublier John Coltrane. Nous avions présenté le premier titre évoqué plus haut, et déjà ce qui nous avait frappé en décembre, était l’écoute mutuelle entre les deux musiciens. Ne pourrait on pas parler de communion, de conversation spirituelle? Le saxophoniste exprime le cri, le combat la souffrance, et son compagnon Jason Moran propose des accords et arpèges en réponse instantanée. Ce dernier donne le sentiment de réagir dans l’instant, au souffle et aux notes du sax. Quelques séquences sont tout de même plus joyeuses, avec l’hommage à Fats Waller. « Ain’t Misbehavin » chanté par Archie Shepp, et les intervalles de notes enjoués sur « Jitterburg Waltz », créent une vague de bonheur. Parmi les douze pépites du disque, la seule composition originale « He cares », le morceau « Ujama », nous élèvent vers l’émotion. Les écorchures du sax et les accords mineurs du piano nous renversent. Les notes ne sont plus des notes, mais des émotions à l’état pur, comme les accords altérés sur « Wise One », qui atteignent des sommets de sensibilité. Tout en subtilité et nuances, « Let My People Go » est un grand album, que l’on écoutera encore et encore.

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