Post Jazz

NOUVEAUTÉ ALBUM/ ABSINTHE/ RAMONA HORVATH

On présente une pianiste qui, à l’écoute des premières notes, séduit l’auditeur par son sens du swing, du groove, mais aussi par sa sobriété et son jeu aéré.
Ramona Horvath propose des interprétations bien pensées, de chansons qui viennent pour la plupart du répertoire Pop.
Intitulé “Absinthe”, son disque de la pianiste débute par “Heal The World” de Michael Jackson. De ses notes chaleureuses j’entends le Blues, le Hard Bop, des phrases qui dansent.
Une autre séquence intéressante est “How Your Deep Is Your Love” des Bee Gees.
Ramona propose ici un trois temps, dont se dégage un swing léger qui respire.
Avant ça, le groove léger discret de “You’re The Sunshine of My Life” m’a bien plu et encore plus, l’interprétation du thème. La section rythmique formée par le contrebassiste Nicolas Rageau et le batteur Antoine Paganotti, fait preuve d’un état d’esprit et d’un dynamisme typique du Hard Bop.
Le charme du saxophone, le son moelleux du ténor André Villeger convié sur quelques morceaux, vous emmène quelques décennies en arrière, aux grandes heures du Swing des saxophonistes tels Ben Webster, mais aussi vers le Be-Bop et des sax comme Dexter Gordon. La pianiste l’invite au cours du morceau “Absinthe”.
Les phrases tantôt intenses tantôt aérées sont dépouillées de toute technique, elles avancent soutenues par un drive souple de batterie, par un walking bass des plus ronds dans un souci de mélodie.
La pianiste n’est pas en reste s’agissant des idées d’arrangement harmonique.
Écoutez sa version de “Just The Way You Are”, interprétée avec délicatesse et sobriété.
Le saxophone est toujours lumineux ses phrases ensoleillées, les balais soyeux au cours de “Here I’ll Stay”, un standard de Jazz.
Le saxophoniste André Villeger a cette sonorité suave celle des grands qui précéderent, John Coltrane, Jimmy Heath ou Johnny Griffin.
Très Ellington, est le style du jeu de piano sur “Your Love Has Faded”. Rien d’anormal, la chanson étant écrite par Billy Strayhorn et Johnny Hodges. Le swing est doux, jamais percutant, mais toujours enveloppant.
Jolies larmes du piano sur “Heather On The Hill”, du lyrisme du calme de la sensibilité; parmi les arpèges et tourbillons des arpèges.
Très swing est le morceau “JFK” où des croches bondissantes de la part des solistes, me font penser aux pianistes qui avaient un rythme solide fixe comme l’avaient les pianistes de Ragtime .
Cette artiste nous laisse au pays du Jazz Swing,celui de Glenn Miller et de son morceau “I Know Why”. Le toucher est agréable et ne peut laisser indifférent.
Sur un rythme chaloupé façon calypso, Ramona et ses sidemen nous font bouger “Saving All My Love For You”, une chanson de Whitney Houston de 1985.
Progressant en toute sérénité, la pianiste tisse des motifs lumineux et légers en solo.
Si ce disque ne révolutionne pas le Jazz, la musique que propose Ramona Horvath est mélodieuse, légère et chaleureuse.
Avec son jeu dépouillé et sa quête de musicalité, Ramona apaise l’auditeur par son retour aux sources, celles du swing, du Blues, et par des incursions dans le Hard Bop.