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JOYEUX ANNIVERSAIRE/ MONSIEUR RON CARTER

Il est le contrebassiste qui a le plus enregistré dans l’histoire de la musique. Ron Carter célébra cette semaine ses 85 ans et malgré le grand âge, celui conserve toujours l’énergie. Lors de son passage au Festival des 5 continents en 2007, il avait rencontré le public lors d’une conférence au cours de laquelle, il soulignait la chance d’avoir accompagné de grands musiciens. De Miles Davis à Herbie Hancock en passant par Stan Getz et d’innombrables grands jazzmen, ses placements et lignes de basse sont prisées de tous ces musiciens. En 1961, il sort son premier album en compagnie de Mal Waldron Eric Dolphy et Charlie Persip. Assez avant gardiste, le souffle ample du clarinettiste nous interpelle. Le jeune contrebassiste caresse le Free pour un premier album. Il invite Georges Duvivier à venir croiser le fer dans un dialogue entre contrebasses. Le piano est discret comme la charleston du batteur. Sur « Softly As In Morning Sunrise », il présente muni de l’archet le thème accompagné du batteur. Le titre qui donne son nom à l’album « Where » est joué également l’archet. Il transmet l’émotion par l’accentuation des trémolos. L’esprit est au Blues aux sanglots et à la mélancolie. Le thème suivant « Yes Indeed » a des allures Blues et Folk. Eric Dolphy surprend encore par sa sonorité et ses trajectoires mélodiques. Le ton est plus Be-Bop sur le dernier morceau « Saucer Eyes ». À 3’23 on entend un solo de Ron Carter joué tout en walkin sur lesquelles s’invitent les balais de Charlie Persip. Les disques dans les années 70 en leader se succèdent. Parmi eux, « Uptown Conversation », « Blues Farm » « All Blues », « Spanish Blue ». La composition « Little Waltz » est une très jolie mélodie en trois temps qui s’articule autour d’intervalles. Sur le disque « Blues Farm » la douceur et l’élégance priment sur le morceau « A Small Ballad » où les accords de piano sont très émouvants. Le disque « All Blues » enregistré quelques mois plus tard est plus Be-Bop, comme en témoigne l’ouverture par le titre « A Feeling » joué par la contrebasse et le saxophoniste Joe Henderson. Au cours de sa reprise de « So What » sur l’album « Spanish Blue », la flûte et le clavier surprennent par les motifs qu’ils jouent. En tant que sideman, il participe à de nombreuses sessions notamment pour le label Blue Note avec Herbie Hancock ou Wayne Shorter. Il est le contrebassiste de disques grandioses comme « Speak No Evil » ou « Maiden Voyage ». Depuis quelques années, il conduit un quartet avec entre autres la pianiste Renée Rosnes. Il forma un trio Golden Striker avec le pianiste Mulgrew Miller et le guitariste Russell Malone. Aujourd’hui en écrivant ces quelques mots, j’écoute ses notes profondes, rondes enveloppant le piano sur son album qu’il réalisa avec le WDR Big Band, intitulé « My Personal Songbook ». Sur le second morceau, Ron Carter envoie des notes rondes en velours. Ces derniers mois, il publie un album en trio avec Gonzalo Rubalcaba et Jack Dejohnette. Il figure sur le dernier album du bluesman Eric Bibb « Dear America ». Chez ce contrebassiste, les notes sont belles, les placements subtils. Ce grand Monsieur célèbre son anniversaire le 10 mai sur la scène du Carnegie Hall. Il sera avec son trio Golden Striker, avec le quartet mentionné plus haut, ainsi qu’avec un octet. Voici une présentation parcellaire aux vues de l’étendue des enregistrements de ce contrebassiste de légende.

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